Le chef de l’État effectue une mini-tournée de deux jours, en Centrafrique, où l’armée française intervient depuis plus de deux ans, puis au Nigeria pour un sommet consacré à la lutte contre les islamistes de Boko Haram.
En atterrissant, ce vendredi en Afrique, François Hollande peut endosser l’un des costumes qu’il préfère: celui de faiseur de paix. Ce voyage éclair d’à peine deux jours, le conduit en Centrafrique, où l’armée française intervient, avant de se rendre au Nigeria pour un sommet consacré à la lutte contre Boko Haram, le véritable objectif de ce déplacement.
À Bangui, le président français vient en fait surtout célébrer ce que le Quai d’Orsay appelle, non sans emphase, une «success story». Deux ans après le débarquement de troupes françaises en Centrafrique, en décembre 2013, le pays, alors en pleine guerre civile, est à peu près en paix. L’élection au début de l’année de Faustin-Archange Touadéra à la présidence a donné à la Centrafrique un gouvernement légitime. Le nouveau chef de l’État a certes face à lui de nombreux défis, à commencer par le désarmement des différentes milices et la relance d’une économie plombée par la crise, mais le pire semble passé. «Notre intervention a permis d’éviter des massacres de masse», souligne Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, qui accompagne François Hollande. Ce dernier, à Bangui, a donc l’intention de recueillir les louanges de cette réussite, notamment en visitant de PK5, le dernier quartier musulman de la capitale. Le président ne devrait pas cependant multiplier les promesses. Pour Paris, l’heure est au désengagement de cette ancienne colonie où le passé n’a pas toujours été aussi simple.
Relancer la Force multinationale mixte
Sangaris, la mission militaire française, devrait s’arrêter à la fin 2016. Déjà les effectifs, un temps de 2000 hommes, ne sont plus que d’environ 700 et les hélicoptères sont partis. Ils devraient encore baisser. Des soldats doivent dans les prochaines semaines être en partie redéployés au sein de la force onusienne, la Minusca (environ une centaine), et dans la Mission européenne (EUTM) dédiée à la formation de l’armée centrafricaine. Un contingent de plus ou 300 militaires restera néanmoins à Bangui sous drapeau français pour servir de force de soutien à la Minusca. «C’est un nombre suffisant», estime-t-on au ministère de la Défense. Le troisième séjour présidentiel en Centrafrique ne sera cependant pas un simple concert de félicitations. Le dossier des violences sexuelles particulièrement graves, et des viols sur mineurs dont sont accusés des soldats français, devrait être abordé.
Mais c’est lors de la seconde étape, au Nigeria, où la délégation française est attendue vendredi soir, que le voyage doit prendre son sens. À Abuja, il se joindra au sommet, samedi, consacré à la lutte contre les islamistes de Boko Haram, qui ravagent depuis cinq ans le nord-est du pays. Cette réunion, qui regroupe également les chefs d’État de la région, est la suite de celle organisée à Paris il y a deux ans. Elle vise à relancer la Force multinationale mixte (FMM), un contingent qui comprend les pays riverains du lac Tchad (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) et le Bénin. Paris avait œuvré à rapprocher le Nigeria de ces voisins francophones, et particulièrement le Cameroun. La France, tout comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, également présents à Abuja, soutient les efforts de ces pays en fournissant du renseignement sur les djihadistes. Ce sommet, où François Hollande sera le seul président occidental présent, scelle aussi un peu plus la réconciliation entre la France et le Nigeria, deux États aux relations longtemps très tendues.
Depuis cinq ans, Paris et Abuja se sont en effet rapprochés sur fond d’intérêts communs. La France cherche à sortir de son pré-carré , à glaner de nouveaux marchés au-delà de ses zones traditionnelles d’influence. Le Nigeria et ses 180 millions d’habitants est un objectif. De son côté, Abuja souhaite accentuer son influence régionale dans un univers largement francophone. Le pays est aussi en manque de débouchés pour son pétrole alors que son acheteur traditionnel, les États-Unis, se fait moins présent.
Source: Figaro