Employé de bureau dans une entreprise privée à Bamako, Daouda a rencontré l’élue de son cœur, Fifi, l’année dernière au cours d’une soirée dansante chez des amis. Daouda et fifi étaient faits l’un pour l’autre. Et, peu après, les deux jeunes convolèrent en justes noces. Daouda qui vivait dans la concession paternelle, malgré l’insistance de ses parents, a ainsi abandonné les siens pour habiter une deux pièces à Faladjè avec son épouse.
L’apprentissage d’une nouvelle vie est parfois difficile. Très vite, notre employé de bureau le comprit. Obligé désormais de payer des frais de location sur son maigre salaire, il n’arrivait plus à joindre les deux bouts. Son gain mensuel lui permettant tout juste de subvenir aux besoins de sa famille. Mieux ou pire, son épouse a mis au monde une petite fille qui était venue grossir une famille déjà « nombreuse » (le couple) pour un salaire chétif.
Daouda en plus, fume comme une cheminée et doit chaque jour, s’acheter un peu d’essence pour aller au bureau.
La solution qu’il a trouvée pour résoudre ses problèmes, était simple : remettre en espèce tout le nécessaire pour la famille, repérer soigneusement la cachette de madame et…. Attendre.
Ainsi, depuis 3 mois maintenant, Fifi ne cesse de crier au voleur sans jamais avoir eu l’occasion de prendre celui-ci, la main dans le sac. Un voleur qui pourrait être qu’un de ses frères ou la servante. Le mari étant pour sa part, écarté d’office de tout soupçon. Mais, rien à faire, le mystérieux voleur continuait impunément à dépouiller la malheureuse Fifi.
La pauvre femme ne sachant à quel saint se vouer, s’est donc résignée à contracter des dettes pour arrondir les fins de mois… En attendant de pincer la crapule de voleur. Elle avait même placé un petit pilon dans un coin de la maison en attendant le jour de sa vengeance. Et ce grand jour est arrivé le 20 novembre dernier.
Le mari Daouda était allé en mission à Baguineda et n’était sensé retourner à Bamako que le lendemain. Il était 20 heures, quand, fifi confia la garde de sa maison à la servante afin de se rendre à son domicile paternel pour une réunion de famille à laquelle elle avait été convoquée d’urgence.
La « 52 », exténuée par une longue journée un travail s’est endormie… assise dans un fauteuil. Pendant ce temps, quelqu’un s’introduit dans la maison, marchant sur la pointe des pieds. Le voleur n’avait apparemment point besoin de lumière. D’une part, pour ne pas réveiller la servante et d’autre part, parce qu’il connaissait bien les lieux. A l’œuvre !
Au même moment, madame qui était revenue sur ses pas parce qu’ayant oublié « quelque chose » a senti le coup. Elle avance tout doucement vers la chambre, s’empare de son pilon et pan ! Pan ! Ce fut seulement après, qu’elle cria au voleur. La petite maison a été du coup envahie. Le voleur, étendu à même le sol, s’était évanoui. A côté de lui, une petite caisse, celle de madame. Le voleur n’était autre que Daouda, le mari de fifi. Un lourd silence. On aide à présent fifi, à arroser son pauvre mari d’eau glacée. Revenu à lui peu après, Daouda a soutenu qu’il cherchait une torche afin d’aller aux toilettes, sa mission sur Baguineda ayant été reportée à la dernière minute.
En tout cas, la « torche »… il l’a bien trouvée et… méritée.
Boubacar Sankaré
Le 26 Mars