La tresse est une coiffure se faisant soit avec l’ensemble des cheveux soit en une chevelure séparée en deux, trois, voire une multitude de petites tresses pouvant être ornées ou non de perles. Datant de la préhistoire, la tresse est l’une des plus vielles coiffures connues jusqu’à ce jour. Elle a longtemps été l’indicateur de l’âge, du rang social et du statut marital d’une personne dans plusieurs civilisations telles que l’ancienne Egypte, la Grèce Antique et chez les Celtes… de la vallée du Nil, aux monts Mandingues, les tresses racontent la situation de la personne qui les porte.
En effet, au-delà d’embellir le visage de la femme en tirant ses traits faciaux, les tresses ont une fonction révélatrice sur l’état de cette dernière, comme nous l’explique N’na, coiffeuse : “Les tresses parlent de la situation de la femme. Selon le modèle, on peut facilement identifier celle qui est célibataire, mariée, veuve ou qui vient de donner la vie. On peut même se faire une idée sur l’ethnie de la personne car les peulhs et les Dogons ne se coiffent pas pareille”.
Aussi, la coiffure fait partie de l’existence de la femme. De son jeune âge à son décès, pour toutes les circonstances une coiffure est indiquée. « Pour les cérémonies de mariage, les demoiselles d’honneur et les marraines ont leurs tresses qui permettent aux invités ainsi qu’aux griots de savoir à qui ils s’adressent. Pour les cérémonies de baptême, la nouvelle maman a aussi sa propre coiffure. Les veuves ont également une coiffure spécifique qu’elles sont tenues de porter pendant toute la période du veuvage. Si une femme venait à mourir, on lui tresse les cheveux pour l’accompagner dans sa dernière demeure », explique N’na. Par ailleurs, les tresses sont embellies par des parures qui, selon les ethnies diffèrent. « Jadis les femmes utilisaient les cauris pour orner leurs tresses. Au fil du temps, les ethnies comme les peulhs et les Songhoï se servent des perles de plusieurs couleurs sous forme de bandeau qu’elles attachent par-dessus les tresses. Les Touaregs ont quant à elles une parure appelée N’Gofa à base de pièces d’or ou d’argent, selon le rang social de celle qui la porte. Les dogons, Sénoufo, Sarakolé, chacune a sa parure pour resplendir leurs tresses », nous a confié Oumou, enseignante à la retraite. Nos jours, l’apparition de nouveaux modèles de coiffure fait qu’il est très difficile d’identifier le statut social des femmes, comme le constate Ibrahim, couturier : “Les mèches et leurs nouveaux modèles font que l’on confond presque les jeunes filles, les célibataires et les mariées. Elles se coiffent presque toutes de la même façon”.
Si les modèles actuels font se confondre le statut marital des femmes, ils sont quand bien même un indicateur de la situation financière de ces dernières. Les coiffures les plus tendances sont toujours les plus chères et sont portées que par les dames de la haute classe !
Fadimata S. Touré
Source: L indicateur du renouveau