Le slogan de la Délégation du Hadj 2016 du Mali est : « Un Hadj à moindre coût et dans les meilleures conditions – Une ambition du Président de la République », malheureusement c’est tout le contraire que les pèlerins du Mali ont vécu à leur dépend pour accomplir l’un des cinq piliers de l’Islam.
La question fondamentale que les maliens doivent se poser est de savoir si le devenir de la nation dépend des Institutions fortes ou des hommes qui les incarnent. La réponse à cette question est liée à la connaissance de la religion musulmane dont près de 80% ou plus des maliens se réclament. Toutefois, le comportement et les agissements de la majorité des filles et des fils de cette nation démontrent à suffisance que cette croyance est sur la langue mais pas dans le cœur. Sachez, mes frères et mes sœurs, qu’Allah nous accordant la miséricorde, nous nous devons d’apprendre quatre choses.
L’une de ces choses est la Science : apprendre la science, c’est connaitre Allah, connaitre son Prophète (PSL) et connaitre la religion islamique, parce qu’il n’est pas permis d’adorer Allah sans connaissance, et « quiconque fait cela se dirige vers l’égarement et ressemble sur ce point qu’Allah a qualifiés d’égarés ».
Cette connaissance, nous apprendra que la religion à trois degrés : l’islam, la foi et la perfection. En s’attardant sur la foi et ses piliers nous apprendrons qu’elle est la conviction du cœur, ce qu’atteste la langue et ce qui est appliqué par les membres du corps, elle augmente lorsqu’on obéit à Allah. Elle a six piliers dont la croyance à la prédestination bonne ou mauvaise.
Par conséquent, le devenir de tout un chacun est tracé et celui du pays ne sera que ce que le Tout Puissant aurait prévu qu’il soit, aucune volonté ou pouvoir humain ne saurait dévier cela ou aller à l’encontre de l’accomplissement de la volonté divine.
Si cette conviction est partagée, que les filles et les fils de ce pays sachent qu’aucune grâce humaine ne saurait leur apporté le minimum de bien qui n’ait été voulu par le Tout Puissant. Arrêtons dans ce cas de ramener la mise en œuvre des missions confiées par le peuple à la seule volonté du Président, en mettant les autorités incarnées par des humains au-dessus des Institutions. Que cette volonté ou ambition soit ou pas les fidèles se rendront aux Lieux Saints qui d’ailleurs datent du XIIIème siècle à l’époque des empires. Cependant, il est connu dans ce pays qu’afin de garder sa position professionnelle et sociale, qu’on soit à la hauteur ou pas, il faut s’adonner à ce « griottisme ».
Qui aurait imaginé qu’en 2016 les pèlerins auraient subi tant de difficultés et d’humiliation malgré, la création il y a 12 années de la Maison du Hadj (Etablissement Public à caractère administratif)? La mise en place chaque année d’une délégation chargée de l’organisation du Hadj ? La volonté politique affichée à travers la création d’un département ministériel ayant comme activité phare entre autres la facilitation de l’accomplissement de ce pilier de l’Islam ? Sans occulté le drame vécu lors du Hadj de 2015, les salives et encres versées,…aucune leçon n’a été tirée de ces expériences vécues! Le Peuple dans son âme meurtri se sent obliger de subir l’incompétence de ces hommes et femmes chargés de cette mission.
Un Hadj à coût élevé
Sur les trois dernières années, le coût du pèlerinage au Mali est passé de 2 750 000 FCFA en 2014 à 2 650 000 FCFA en 2015 et 2 570 000 FCFA en 2016. Au regard de cette tendance, le Ministère des Affaires Religieuses et des Cultes ainsi que la délégation chargée de l’organisation du Hadj se fondent pour faire croire aux pèlerins que les autorités ont tous mis en œuvre pour diminuer le coût relatif à l’accomplissement du Hadj. Cet effort, qu’il soit du fait des autorités du pays, est-il à la hauteur de ceux consentis pour les autres pèlerins dans les pays frontaliers ?
Une analyse comparative du coût du Hadj dans des pays de l’UEMOA notamment la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Togo et le Benin démontre que les pèlerins Sénégalais et Maliens ont payé le prix fort pour accomplir le Hadj 2016.
En Côte d’Ivoire, les autorités ont déployé les grands moyens pour soulager et rendre agréable l’accomplissement des rites en fixant le coût du Hadj 2016 à 2 000 000 FCFA. Au Togo, les frais de participation ont été fixés à 2 050 000 FCFA. Au Bénin les autorités ont donné l’assurance que les frais ne dépasseront 2 075 000 FCFA fixé en 2015. Au Niger, il a été arrêté le montant à 2 076 250 FCFA pour le Hadj 2016. Au Burkina Faso le montant a été fixé à 2 201 070 FCFA sans le prix du mouton. Le prix fixé par les autorités sénégalaises pour l’accomplissement du Hadj est de 2 652 000 FCFA. Ce montant comprend le prix du billet d’avion, le logement sur les lieux Saints, la taxe saoudienne et une pécule à verser aux pèlerins dont le montant n’a pas été déterminé. Au Mali, concernant la filière gouvernementale les pèlerins devraient débourser 2 570 000 FCFA pour accomplir le hadj.
Il découle de cette analyse que si en absolu le coût au Sénégal dépasse celui fixé au Mali de 82 000 FCFA, déduction faite du pécule à verser aux pèlerins sénégalais dont le montant n’est pas précisé, il en résulterait que les pèlerins maliens ont payé le prix fort par rapports aux autres de la zone UEMOA. En outre, contrairement à la pratique observée dans les autres pays aucun détail n’a été donné quant à la composition du coût du Hadj afin d’apporter plus de transparence et de démontrer l’effort consenti par les autorités pour la couverture des charges afférentes.
En l’absence de cette pratique transparente tout discours contribuant à mettre tout effort au profit des autorités politiques et de surcroit relativement à une activité touchant à la religion ne sera que leurre.
D’ailleurs si dans des pays comme le Nigéria des riches s’évertuent et s’enorgueillissent à prendre en charge les coûts du pèlerinage par centaine de leur concitoyen, paradoxalement au Mali à leur dépend, les pauvres pèlerins prennent en charge dans leur coût du Hadj la participation des autorités qui sont gracieusement invitées et mis relativement dans des conditions adéquates pour accomplir le Hadj. Ce quota de participation attribué à des Institutions de la République n’est qu’un moyen de confondre des hautes autorités et de couvrir les incapacités à être à la hauteur des missions confiées.
En guise de recommandation, la délégation chargée de l’organisation du Hadj doit donner le détail, pour chaque campagne, du coût relatif à l’accomplissement du Hadj.
Nourou LY
Pèlerin Hadj 2016