Baciro Dja, le nouveau Premier ministre de la Guinée Bissau, est loin de faire l’unanimité. Suite au limogeage de son predecesseur Domingos Simões Pereira par le chef d’Etat Jose Mario Vaz, il est toujours contesté par le parti au pouvoir, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), provoquant une crise politique dans le pays. Un an après leur entrée en fonction respective, en effet, le Président a remercié le gouvernement le 12 août, évoquant une rupture de confiance avec son Premier ministre.
Investi dans la foulée, le nouveau chef du gouvernement et le Président ont immédiatement été désavoués par leur propre formation politique, le PAIGC. Le puissant parti majoritaire à l’Assemblée nationale, dirigé par l’ancien Premier ministre, estime que la nomination de Baciro Dja est anti-constitutionnelle. « La Constitution indique qu’il revient au parti vainqueur des Législatives de proposer un chef de gouvernement au Président », assure le porte-parole de l’ex-parti unique. Le PAIGC, qui a toujours réclamé la reconduction de l’ancien chef du gouvernement, menace même d’exclure Baciro Dja du parti dans les jours à venir, projetant de saisir la justice pour faire annuler le décret du Président. Baciro Dja a d’ailleurs été sanctionné par le PAIGC, il y a quelques jours, pour avoir détourné de l’argent du parti. Mais de son côté la Présidence se défend, affirmant que cette décision a été prise après des « concertations avec les partis politiques siégeant à l’Assemblée nationale ».
Même si pour le moment, le calme est de mise dans le pays, cette situation inquiète en Afrique, d’autant que l’histoire de la Guinée Bissau a été jalonnée par des coups d’Etat et crises politiques. Une délégation de la Commission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), conduite par l’ex-Président nigérian Olusegun Obasanjo, avait été constituée. Mais la nomination de Baciro Dja a ébranlé la mission de cette délégation.
Une décision que de chefs d’Etat comme le Président nigérian Muhammadu Buhari n’ont pas manqué de critiquer sur Twitter : « Il est regrettable qu’alors que les consultations se poursuivaient, le Président Vaz ait pris les devants pour accroître les pressions en nommant un nouveau Premier ministre ».
Source: Afrik