Nos autorités ont-elles défini leur position ou éviteraient-elles de froisser le partenaire russe ? La guerre contre l’Ukraine a été condamnée en Europe, en Amérique, en Afrique et même en Asie parce qu’elle remet en cause la souveraineté du pays et son droit à l’autodétermination. Nous maliens, ne pouvons que comprendre cela car si géographiquement l’Ukraine est loin, elle ne demeure pas moins dans la même situation que le Mali qui se bat pour sa souveraineté et son droit à l’autodétermination. Un combat similaire nous rapproche donc du peuple ukrainien à qui nous renouvelons, au passage, nos encouragements et nos félicitations pour la résilience dont il fait preuve. Pourtant, en faisant fi des voies isolées sur les réseaux sociaux scandant l’injustice, on s’aperçoit qu’aucune position officielle, pour ou contre, n’a été exprimée. Cela est intriguant.
En effet, on se souvient que la souveraineté de l’État malien a été, à juste raison, brandie comme justifiant le recours à « Wagner » et le renvoi des troupes françaises. C’est donc en État souverain que le pays a pris un certain nombre de décisions qui ont été contestées de part et d’autre. En tant que malien et fier de l’être nous nous sommes réjouis de voir nos autorités affirmer et assumer leur volonté de ne plus obéir à une quelconque puissance étrangère. Nous avons certes questionné l’efficacité des méthodes utilisées mais nous ne nous sommes, en aucun moment désolidarisés. Et cela parce qu’en dépit des divergences d’opinion, nulle ne saurait légitimement savoir et décider, à la place des maliens, ce qui va dans l’intérêt de leur nation.
Alors nous sommes tentés de transposer, raisonnement par analogie oblige, les mêmes arguments au cas de l’Ukraine. C’est la raison pour laquelle l’absence de position de nos autorités est assez intrigante. Nous nous attendions, parce qu’elles n’ont pas hésité à se mettre à dos le monde entier pour affirmer le pouvoir souverain du peuple malien, à une prise de position claire. Leur silence est ambigu. Elles ne veulent peut-être pas froisser le partenaire russe. Ce serait, en effet, se tirer une balle dans le pied, que de désavouer publiquement un acte posé par le nouveau compagnon d’armes. Mais on ne peut imaginer leur soutien aux autorités qui ont déclenché les hostilités car ce serait trahir les principes pour lesquels la Transition est ovationnée aujourd’hui.
En espérant un communiqué officiel, nous reconnaissons à nos autorités le droit de ne pas s’exprimer, c’est aussi cela la souveraineté.
Dr DOUGOUNÉ Moussa
Professeur d’enseignement Supérieur
Consultant Formateur auprès des entreprises et des banques
Source : Le Pélican