Amadou Toumani Touré ATT
Pour tout le monde, ce sont des islamistes purs et durs, rejetant donc normalement les drogues, sous toutes leurs formes, qui combattent au nord du Mali. Pourtant, de très grands responsables de ces mouvements armés sont impliqués dans des trafics en tout genre, comme les cigarettes, le haschich et la cocaïne.
Au mois de septembre, plusieurs sources nous signalaient l’interception par des combattants du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) d’un convoi de voitures tout terrain du MUJAO (Mouvement pour l’unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest) transportant de la cocaïne.
On devait en rester là car, l’info était à difficile à vérifier. Mais, qu’est devenue la cargaison ? A-t-elle été détruite, comme le soutient la MNLA? Ou bien a-t-elle été remise sur le marché par ce mouvement rebelle touareg ?
Selon un document confidentiel circulant dans les milieux diplomatiques, d’autres personnalités importantes de la tribu lamahr, à laquelle appartient Ould Awaïnatt, sont mêlées à ce trafic. D’après ce document, un ancien ministre de l’ex-président ATT lié au MUJAO et au blanchiment d’argent du crime organisé a vécu un temps réfugié à Dakar. Les «barons» liés à cette mouvance auraient corrompu une bonne partie de la machine sécuritaire, grâce à la complicité «d’un commandant des douanes introduit auprès des chancelleries occidentales». Et Il y a quelques jours, la justice malienne a finalement lancé des mandats d’arrêts pour narcotrafic contre une brochette de personnalités. Parmi ces personnalités, ont trouve Baba Ould Cheikh, maire de Tarkint, soupçonné d’avoir trempé dans l’affaire «Air Cocaïne», Mohamed Ould Ahmed Deya dit Mohamed «Rouggy», un homme d’affaires de Gao, Mohamed Ould Sidati (maire de Ber), Adinadji ag Abdallah (maire de Aghelhock) et, à nouveau, Mohamed Ould Awainatt.
Alors, sont-ce, toutes ces transactions qui auraient été à la base de la détermination des islamistes de s’approprier le Nord Mali, avant l’intervention militaire française ? Des sources bien au fait n’écartent plus, en tout cas, le rôle de la drogue dans le conflit que vivent nos voisins.
Cheikh Ba
REWMI QUOTIDIEN