Il a toujours espéré porter la couronne de l’Adéma/PASJ pour une présidentielle. On se demande si cette fois-ci sera la bonne pour Soumeylou Boubèye Maïga, l’imprévisible 5e vice-président de la Ruche ?
Someylou Boubèye Maiga
Après 2002, 2007, le revoilà dans la course pour l’investiture du PASJ à la présidentielle de juillet prochain. Il, c’est Soumeylou Boubèye Maïga, membre fondateur de la Ruche et militant iconoclaste.
En 2002, c’est après une âpre bataille contre Soumaïla Cissé lors des primaires que le parti avait organisés, après le départ fracassant d’Ibrahim Boubacar Kéita, que l’homme avait été finalement vaincu.
Lui qui se croyait le mieux indiqué des candidats en son temps, n’avait pas pu facilement digérer sa défaite qu’il attribuait d’ailleurs au pouvoir de l’argent dont s’était prévalu son challenger. Soumeylou venait de perdre une bataille, mais pas dans le fair-play, puisque selon beaucoup d’observateurs, il faisait partie du noyau dur de la « Bande des 10″ qui étaient passés maîtres dans la roublardise lors de l’élection présidentielle de 2002.
Non contents de l’investiture de Soumaïla Cissé par le parti, ce groupe appelait, dit-on, à voter Soumaïla, le jour, et Amadou Toumani Touré, la nuit. Autrement, sur le même tee-shirt, on pouvait lire : « Votez Soumaïla » sur une face et « Votez ATT » sur l’autre. Soumaïla Cissé lui-même n’était pas sûr d’un soutien total de son parti.
Soumi n’a pas tardé à tirer les conséquences. D’où son départ de l’Adéma en 2003 pour fonder l’URD. Ce départ pouvait être une victoire pour le 1er vice-président de l’Adéma/PASJ en son temps, Soumeylou Boubèye Maïga, qui pouvait se croire désormais mieux placé pour être le prochain porte-étendard de la Ruche, surtout que le président du parti, Dioncounda Traoré, ne semblait pas être intéressé par Koulouba.
Sauf qu’à la prochaine présidentielle, c’est-à-dire en 2007, le vent du consensus était passé par là et l’Adéma qui aimait réclamer l’appartenance d’ATT au parti (Dioncounda disait qu’il avait même la carte du PASJ) était au cœur de la soupe consensuelle. C’est donc fort à propos que le Parti africain pour la justice et la solidarité a décidé de transformer son soutien politique en soutien électoral en faveur du président candidat, Amadou Toumani Touré.
Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) qui, pourtant était toujours considéré comme un compagnon d’ATT, n’a pu malheureusement gober cette manière de procéder du comité exécutif (CE) et s’est désolidarisé de cette posture. Il créa la Convergence 2007 et a commis le crime de s’allier avec les opposants du pouvoir, en son temps regroupés dans un certain Front pour la démocratie et la République (FDR). Cet affront lui a valu une radiation du parti, avant d’être finalement réintégré lors du congrès ordinaire de 2008, où il s’est fait reléguer à la 5e vice-présidence.
Dès lors, Soumeylou reste Adémiste, mais pas sans susciter toujours des appréhensions chez certains militants qui ne croient pas dur comme fer en sa loyauté. Ils n’ont pas totalement tort puisque l’homme s’est montré tant sinueux lors de la présidentielle avortée de 2012 que beaucoup de militants se demandaient s’il fallait compter avec SBM dans l’Adéma.
Alors que le parti avait déjà investi son candidat en la personne du président Dioncounda Traoré, c’est Soumeylou Boubèye Maïga qui organisera une assemblée générale de l’Association des amis de Soumeylou Boubèye Maïga (Asma) au CICB, où il a parlé de tout sauf l’Adéma et son candidat. Le scoop qu’il avait pour son auditoire était de dire que contrairement aux propagandistes qui l’opposent à ATT, ils sont toujours ensemble au moment des décisions cruciales pour la vie de la nation et qu’au moment venu ils allaient encore être ensemble.
Des propos que beaucoup d’analystes politiques n’avaient pu comprendre, surtout émanant de celui qui était opposé à la direction de l’Adéma en 2007 pour avoir choisi de soutenir le même ATT, qui était candidat pour un 2e et dernier mandat.
Comme on le voit, Soumeylou a certes des atouts : il est membre fondateur de l’Adéma et y est resté depuis malgré les vicissitudes, mais il a aussi des handicaps dont le moindre n’est que son imprévisibilité.
Abdoulaye Diakité