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Guara Kènè de Faso Kanu : Tiébilé Dramé évoque la dictature, perfore le régime IBK et insiste sur l’Alternance en 2018!

Un des vestiges de la démocratie, icône du mouvement estudiantin, martyre vivant de la révolution contre la tyrannie de Moussa Traoré, Tiébilé Dramé n’a pas connu que des instants stables. Il est passé par des étapes que n’auraient jamais supportées bien de compatriotes qui crient et insultent inlassablement aujourd’hui, les responsables du mouvement démocratique. Journaliste dans son parcours riche d’homme d’Etat, celui que le chef de l’Etat a avait qualifié de « Petit Monsieur » est plus qu’une tour de contrôle, c’est un profond fleuve d’un passé glorieux, contrastant avec un présent alarmant et un futur inquiétant

Un samedi peu ordinaire, dans une salle de la maison de presse, sous les regards d’assoiffés et étrangers à une période de barbarie humaine d’un homme et d’un clan durant 23 années. C’est par l’hymne national que la conférence a débuté. Au présidium, Ibrahima Kebe, avec comme modérateur, Djimé Kanté. Entre les deux tenaces jeunes, l’invité du jour Tiébilé Dramé, un homme qui a su fait déborder les limites de la cette conférence, grâce à la pertinence et à la vie qu’il a su donner à des événements lointains.  C’est un espace de discussion et de contradictions sur des grands sujets et moments de la vie de la nation. Sans tabou, les questions ne sont pas sélectives, il ne peut en être  autrement pour ce Tiébilé DRAME, journaliste et combattant de la liberté d’expression.

Les premières affres d’un parcours tenace

D’entrée de jeu, le président du Parena a salué les martyrs de la révolution. Des gens du RPM, pas ceux d’aujourd’hui, précise-t-il, mais ceux d’hier, ont joué un rôle primordial dans la quête des aspirations. Les libertés d’association et d’expression ont été conquises dans le sang. Pour lui, aucun président, aucun PM, aucun ministre ne peut porter atteinte à ça. » Démocratie et multipartisme sont issus du combat de Mars 1991. Les acteurs, les victimes, les martyrs du 26 Mars 1991 ont servi à quelque chose. Loin d’accepter que la résistance ait commencé en Mars 1991, le conférencier a rappelé que le mouvement démocratique a été engagé depuis le 18 Novembre 1968.

Né le 9 Juin 1955 à Nioro du Sahel, il a été embastillé plusieurs fois pour ses opinions et ses prises de positions. Aussi, il a connu l’exil, comme les grands hommes de l’histoire et des religions. Il fit la France puis en l’Angleterre. Enquêteur dans plusieurs dossiers, Tiébilé est un fouineur attitré et patenté. Son excellente technique à pouvoir dénicher des informations secrètes et capitales pour les exposer sur la place publique est une preuve de chaque jour.

Il a mentionné des noms tels que Yoro Diakité, Hamidou Diabaté, Oumar Mariko, Djiguiba Keita PPR Cheick Oumar Sissoko et bien d’autres qui sont obligés d’être cités dans le combat démocratique.

 Aussi, Cheick Oumar Dembélé Maro, Charles Abdoulaye Danioko, Boubacar Gaye, Parti Malien du Travail, Abdramane Baba Touré, condamnés à 18 mois de prison en compagnie des Kadary Bamba et d’autres responsables du mouvement démocratique. Leur crime avait été de vouloir les libertés démocratiques. Ils furent les pionniers de cette aventure pour la liberté et pour la patrie. Leur engagement, poursuit le président du Parena, était un refus absolu et immédiat du pouvoir militaire. Des Étudiants et dirigeants ont été malmenés pour avoir lancé des tracts : « Aucun élève ou étudiant n’a cautionné la prise du pouvoir par les militaires» précise l’ancienne figure de l’ENSUP. Tous ceux qui ont participé aux obsèques de Modibo Keita ont été harcelés et mis en détention au camp para.

Kidal, BoureissaBamako, des prisons criminelles. Avec des conditions de détentions infra-humaines, certains ont pu se nourrir parfois de margouillats capturés.

Et Tiébilé Dramé et d’autres compagnons de renom, avaient été jugés et condamnés pour opposition à l’autorité légitime. 12 enseignants parmi lesquels Dioncounda avaient été livrés aux travaux forcés. Mais à côté, la solidarité de Ménaka s’est manifestée par des dates, du lait etc. C’est par là, reconnait l’homme, qu’est venu son attachement singulier aux ressortissants du Nord. Ces populations qui avaient soulevé un vent de révolte et qui s’étaient indignées contre l’arrestation d’enseignants aussi émérites et audacieux.

L’énigme sur le crime Amilcar Cabral 

Le 16 Mars 1980, Cabral a été appréhendé à la frontière guinéenne. Selon les révélations du compagnon de Cabral, c’est l’intensité de la torture qui a occasionné  sa mort le 17 Mars 1980. Tiébilé témoigne ainsi en ces termes : « Des militaires avaient une civière qu’ils ont placée dans une ambulance pour évacuer Cabral vers l’hôpital, c’était trop tard. Il avait rendu l’âme. Nous attendions de nous faire soigner des parties qui saignaient, mais finalement, nous avions été mis en cellule par les gardes. »

27 ans après la révolution, personne ne sait, avec certitude, où repose Cabral. C’est inadmissible, pour Tiébilé Dramé, qui estime que connaître la tombe de Cabral doit être une exigence démocratique : « Dieu merci, le président Moussa est en vie, certains de ses ministres sont en vie, le président ATT est en vie. Il y a eu une lutte multiforme avant la démocratie. »

 Il est indispensable d’éradiquer le cancer de la corruption et de l’impunité. 

Dans les questions de l’assistance, la gouvernance a été évoquée. Les réponses sont sans ambages : « La corruption est un cancer, ça n’a pas commencé par IBK mais les limites qu’elle a atteintes sous IBK sont inédites. » La corruption, c’est des écoles perdues, des routes perdues, des hôpitaux perdus, des centres de santé perdus etc. Il faut combattre l’impunité, donner des exemples. Que le pouvoir fasse de cela sa préoccupation. Le leadership doit être intègre et transparent.

Les nombreux cas de dénonciations recensés par le Parena sont toujours restés sans suite, pas même avec le moindre démenti du gouvernement. La gestion familiale du pouvoir au Mali, nous ne l’avons jamais vu.

GMT, traité de grand républicain

Le 4 Septembre 2013, à son investiture, le chef de l’État Ibrahim Boubacar Kéita avait choqué plus d’un. Pour le démocrate Tiébilé Dramé, si le président s’est trompé, personne ne pouvait répliquer car c’était solennel et il ne fallait pas : « Il n’était pas dans son assiette, il s’attendait à voir des invités qui n’étaient pas au rendez-vous.  Donc il a sauté pour magnifier Moussa et cela n’a pas plu aux maliens. »

Il faut laisser les maliens qui ont leur double nationalité car le Mali est un vieux pays d’immigration. Ne prenons pas des mesures qui peuvent obliger nos compatriotes à devoir choisir entre Le Mali et un autre pays.

Certes la situation du Mali est dramatique car c’est pire qu’à l’arrivée d’IBK en 2013. Il a échoué, il a atteint ses limites.

Mais celui qu’il a IBK était un militant dans le comité de défense en France. Il était avec d’autres personnes.

ATT était un militant, au camp para, il m’a sauvé, il leur a intimé l’ordre d’arrêter de me brutaliser. La révolution a apporté des choses positives dans ce pays, mais il y a eu des dérives.

« Raisons de la signature de l’accord de Ouagadougou en 2013 »

Il y avait des raisons de conclure cet accord pour sauver un Mali en feu et à sang. Pourquoi avoir négocié avec les indépendantistes du MNLA? « Le pays était dans le chaos, l’état s’était effondré, des mutins avaient pris le pays. Des djihadistes étaient positionnés pour attaquer Sevaré et Douentza. » Les forces maliennes avaient affirmé qu’elles pouvaient combattre si une couverture aérienne leur a été assurée. C’est qui a abouti à Serval. « L’accord de Ouagadougou a permis au Mali de reprendre tous ses droits » car, au dire de l’invité de Guara Kènè, l’ancien ministre Tiébilé Dramé, les groupes armés avaient renoncé à toutes leurs prétentions. Ils ont reconnu l’unité nationale, l’intégrité territoriale et laïcité de l’Etat. Le retour de l’administration et de l’armée étaient les urgences. L’armée malienne n’était pas dans des dispositions pour conquérir quoi que ce soit, d’où les propos de Didier Dacko qui avait publiquement dit que l’armée était en état de putréfaction. Il dit n’avoir pas été d’accord que la priorité en 2013 soit l’organisation de la présidentielle, ce qui explique d’ailleurs son retrait tranquille sans gêner le processus.

Tiébilé Dramé s’est désolé de la faute politique qui avait conduit au chaos en Mai 2014, avec au moins 70 morts : « La défaite était totale, défaite militaire, défaite politique. Il a fallu que le président mauritanien intervienne pour obtenir un cessez-le-feu signé à Kidal puis à Bamako.

La France que les opposants ne décrient jamais 

Quant aux agissements de la France, Tiébilé DRAME a estimé que les maliens ont voté pour un président qui ne prend pas la juste mesure des urgences. La France est un partenaire incontournable. Il faut être au pouvoir pour changer des choses c’est pourquoi, assure-t-il, il est de ceux qui pensent qu’il faut l’Alternance cette année.

L’indispensable Alternance cette année

« Le président est un patriote, il a mouillé le maillot mais il faut qu’il s’écarte, qu’il se mette à la retraite.» Ses anciens collaborateurs et soutiens qui déclarent leurs candidatures croient pouvoir remplacer IBK tellement qu’il a trop échoué, estime l’opposant le plus tranchant. La multiplicité des candidatures serait un boulevard pour le Président. Il ne faut pas tenter cela. Ce serait un programme et non, un homme qui sera porté à la tête.  La moindre démarcation de celui-ci entraînerait une mise en garde des personnelles qui seront les sentinelles de cet engagement. Le conférencier a invité l’assistance à se mobiliser pour la coalition d’une Alternance pour le Mali. Après son exposé, toute la salle, prise d’assaut par des compatriotes, a applaudi cet héroïque et pathétique parcours d’un homme qui n’a pas lâché son drap de modestie.

 

ABC

Figaro mali

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