Depuis le 25 juillet dernier, soit près de 90 jours, les Magistrats maliens sont en grève illimitée. Ils revendiquent la revalorisation de leurs salaires et de leur sécurité dans certaines zones du pays. Toutes les négociations, même avec le Président de la République, qui est le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, n’ont permis à des résultats escomptés.
Cela fait près d’une centaine de jours que les détenus ou présumés détenus croupissent dans les centres d’arrêt et de détention à Bamako et à l’intérieur du pays par faute de jugement. Le célèbre prêcheur Chérif Ousmane Haïdara et beaucoup d’autres citoyens de bonne volonté n’ont rien pu pour trouver un dénouement heureux à cette crise. Rien n’a pu ramener les Magistrats grévistes sur le mot d’ordre de leur grève lancé par les deux syndicats à savoir le SAM et le SYLIMA depuis le 25 juillet dernier. Le Gouvernement aussi par manque de stratégies campe sur ses positions en faisant preuve d’indifférence totale face à la situation des citoyens croupissant dans les prisons. Le week-end dernier, le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Tiéna Coulibaly, a rencontré les syndicats grévistes. Mais, pour l’instant, sans aucune autre proposition de sortie de crise concrète. Car, les syndicalistes exigent du Président de la République un «Accord écrit » par le Gouvernement.
Toutefois, le Ministre a fait comprendre aux Magistrats que, de son point de vue, le Chef de l’État, qui a invité les deux syndicats à lui faire confiance, s’est engagé à améliorer les conditions de vie et de travail des Magistrats.
Des propos trompeurs ? En tout cas, ça semble se transformer en une lutte de faire-semblant. Au sortir de la rencontre, les Magistrats demandent que le décret de réquisition qui porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire du PM soit rapporté. Et que le Gouvernement adopte le tableau synoptique qui lui a été proposé par les syndicats suivant les modalités dégagées dans le même document relativement à la question sécuritaire. Également, les syndicalistes tiennent à ce que le Gouvernement adopte la nouvelle grille salariale avec comme minima 700 et comme maxima 2500 avant fin février 2019. « Juste pour vous dire que cette grève semble encore loin d’être suspendue ». Dans les coins et les recoins du pays, les thèmes sont sur toutes les lèvres aujourd’hui. Les dossiers d’identification notamment le certificat de nationalité, les casiers judiciaires et autres sont inaccessibles. Ce qui fait souffrir les pauvres citoyens dans leur combat quotidien.
Quant à Ibrahim Niaré, il souhaite que le Gouvernement opte pour une régularisation rapide de cette crise qui n’a que trop duré. « Vraiment, il est temps que le Gouvernement trouve solution à cette crise, pour qu’on sorte de cette situation. Il y a des citoyens qui sont dans les commissariats de police en garde à vue et des prisonniers, après avoir épuisé leurs peines ou leur durée de détention provisoire, en attende que cette grève prenne fin, pour trouver solution à leur situation. Nous demandons au Gouvernement et les Magistrats de trouver un terrain d’entente, pour une meilleure sortie de crise qui fait du tort à la population».
Selon Mme Baye Bintou, «c’est ça que le Mali a besoin pour le moment. Que le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, tende sa main à tout le monde. Si les Magistrats acceptent enfin cette main tendue avec condition, c’est une bonne initiative pour le pays ». « Que le Président IBK concrétise les doléances des grévistes pour un apaisement du climat social».
Niakalé Touré
LE COMBAT