Selon l’information qui nous est parvenue au moment où nous étions en phase de bouclage du présent numéro, les enseignants devraient être en sit-in ce jeudi 14 devant le Ministère de l’Économie et des Finances, à partir de 8h30, pour dénoncer le blocage de leurs salaires du mois de février. Concernant, notamment, ceux des Fonctions des collectivités de Bamako, Kayes et Sikasso. Cela, tout en se montrant favorables aux précomptes des jours de grève.
Le bras de fer entre la synergie des syndicats des enseignants et le Gouvernement se poursuit. Les négociations du vendredi dernier, engagées conjointement entre les deux parties, par la classe politiqueet les familles fondatrices de Bamako se sont heurtées à une nouvelle revendication, celle du déblocage des salaires du mois de février. Malgré que la médiation des familles fondatrices a abouti à des propositions concrètes pour la sortie de crise à savoir : l’Arrêt de la grève et des marches, la reprise immédiate des cours, la poursuite des négociations avec la présence de la médiation et une trêve de six mois.
Dans le cadre du préalable posé par les syndicats, un set in est prévu pour ce jeudi devant l’hôtel des finances. Selon les Responsables des syndicats grévistes, ce risque d’une année blanche qui tend à être certain peut être empêché si le Gouvernement arrivait à faire preuve de bonne volonté. Une année est dite blanche ou invalidée lorsqu’elle ne répond pas aux critères internationaux fixés par l’UNESCO qui estime qu’une année scolaire est normale, si elle totalise les trente-six (36) semaines de cours. Et toute année scolaire ou académique qui n’atteint pas vingt-cinq (25) semaines de cours est considérée comme blanche ou invalide. Alors que l’école malienne a déjà perdu six (6) semaines. Donc, on est sur une pente glissante. En guise de solidarité agissante, l’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) était entrée dans la danse. Elle a décrété, à son tour, le lundi dernier 72 Heures de grève sur toute l’étendue du territoire national, avec dans la ligne de mire les établissements privés pour soutenir les écoles publiques. Plusieurs écoles privées de la capitale ont été empêchées de suivre leurs cours. Selon nos informations, même les écoles fortifiées, comme les écoles françaises de Bamako ont été contraintes par le Bureau de la coordination de l’AEEM de faire évacuer leurs élèves. Une autre source nous informe que l’Ambassadeur de France au Mali aurait interpellé le Cabinet du Président de la République afin que des dispositions soient prises pour que les cours puissent reprendre et continuer normalement au plus tard ce jeudi 14 mars 2019 et que de tels incidents soient évités dans le futur. La même source nous informe que des promesses fermes auraient été données par le Pouvoir à l’Ambassadeur de France pour une reprise normale des cours dans ces établissements. Dans la même journée de Lundi, 1erjour de la énième grève, des rencontres organisées par les syndicats ont eu lieu avec une Délégation de la classe politique nationale et les notabilités de Bamako. Mais, d’après nos sources, les enseignants exigent préalablement le paiement de leurs salaires de février 2019 avant toute rencontre avec le Gouvernement. Depuis le début de l’année, l’école malienne est dans la tourmente. Si, ce ne sont pas les enseignants qui débrayent, ce sont les élèves qui désertent les classes ou tout simplement ce sont des Hommes armés qui débarquent et ferment les portes. Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), ont encore décidé d’observer une autre grève de 360 heures (15 jours) en trois étapes : du 11 au 15 mars ; du 18 au 22 mars et du 1erau 15 avril 2019. Les doléances des enseignants contenues dans leur plateforme revendicative abordent 10 principaux points essentiels, dont l’octroi d’une prime de logement, de documentation ; l’adoption immédiate du projet de loi portant plan de carrière du personnel enseignant du secondaire, de l’enseignement fondamental, de l’éducation préscolaire et du fondamental.
Du côté de l’Association des parents d’élèves, estiment que, si la grève est un droit, les portes de la négociation doivent rester ouvertes aussi.
Mahamadou Yattara : LE COMBAT