Les médecins affiliés au Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA) observent, depuis hier, un arrêt de travail de 48 heures à l’Hôpital du Mali. Ils réclament le paiement de leurs primes de «bi-appartenants».
Ceux-ci (professeurs, maîtres assistants et assistants) sont des praticiens qui émargent au ministère de la Recherche scientifique (parce qu’ils enseignent dans les Facultés de médecine et d’odontostomatologie, et de pharmacie), mais gardent aussi un pied dans les Centres hospitalo-universitaires (CHU), où ils reçoivent aussi des émoluments ou indemnités pour leur participation aux activités de soins cliniques et d’encadrements des étudiants. Mais le montant perçu est défini selon la hiérarchie des corps de l’enseignement supérieur.
Un rappel s’impose pour comprendre la situation. L’Hôpital du Mali a démarré avec un personnel de 7 agents mais disposait d’une ligne budgétaire de 60 millions de Fcfa pour payer les indemnités des « bi-appartenants». Cependant, compte tenu de l’effectif d’alors, l’établissement n’avait aucun problème et n’arrivait même pas à utiliser tout cet argent. Cette inscription budgétaire a été ensuite ramenée à 28 millions de Fcfa alors que l’hôpital s’était retrouvé avec un effectif de 38 personnes. Au même moment, d’autres structures hospitalières se retrouvaient avec une ligne budgétaire de 400 millions de Fcfa voire plus pour face aux émoluments des «bi-appartenants».
Aujourd’hui, surtout avec un effectif plus important, ces primes coûtent 120 millions de Fcfa, par an, à l’Hôpital du Mali. Il est donc clair que l’inscription budgétaire au titre de paiement de primes de «bi-appartenants», qui n’a pas variée d’un iota, est loin de suffire.
Selon un responsable de l’administration hospitalière que nous avons rencontré sur place, l’hôpital est prêt à débloquer aussi 40 millions de Fcfa sur ressources propres mais doit être accompagné pour combler le gap.
Il ressort aussi des informations recueillies que le ministère de l’Economie et des Finances n’a pas ouvert la ligne consacrée aux émoluments de «bi-appartenants», c’est-à-dire les 28 millions.
Le secrétaire général du bureau du Syndicat des médecins à l’Hôpital du Mali, le Dr Mahamadou Dama, avec qui nous avons voulu échanger sur la question, nous a signifié son peu de goût pour la communication. Il nous a gentiment éconduit.
Mais à l’Hôpital du Mali, l’administration hospitalière a pris les dispositions pour assurer le service minimum voire plus puisque les actes (examens de radio et autres), au niveau de l’imagerie médicale, et les analyses biologiques, au niveau du laboratoire, étaient réalisés par des techniciens. Mais, les malades doivent simplement attendre la fin de la grève pour que des spécialistes, qui observent le débrayage, interprètent les résultats. Les urgences, aussi, étaient normalement prises en charge.
D’autres médecins accomplissaient aussi les consultations externes. Ce qui était un ouf de soulagement pour les patients et autres usagers qui ont recours à ce seul établissement hospitalier de la rive droite, hyper sollicité pour les compétences qui y officient, pour le sérieux et la rigueur de son administration hospitalière. Celle-ci veille au grain pour maintenir la réputation de ce fleuron de la coopération sino-malienne qui donne de réels motifs de satisfaction à nos compatriotes.
Il faut aussi dire que certains services ont vraiment tourné au ralenti. A d’autres niveaux, les chefs de services, visiblement astreints au service minimum, étaient sur place et se tournaient le pouce. Le chef du service social, Seydou Moussa Traoré, orientait deux usagers pour les services qu’ils requièrent.
Ce débrayage des «bi-appartenants» à l’Hôpital du Mali renvoie à des interrogations légitimes. La loi n° 02-050 AN-RM portant loi hospitalière traite de la question des émoluments accordés à cette catégorie de personnel dans les hôpitaux. Un arrêté interministériel de 2007 apporte des précisions, notamment l’article 2 de ce document stipule que le personnel hospitalo-universitaire fonctionnaire, qui travaille dans un hôpital, dans les conditions déterminées par la convention hospitalo-universitaire, doit percevoir au titre des activités hospitalières, une indemnité forfaitaire par mois.
Selon certains observateurs, les textes de la loi hospitalière précisent aussi que les établissements hospitaliers doivent signer des contrats avec le personnel «bi-appartenant». Mais la durée du contrat est déterminée d’accord parties. Si le «bi-appartenant» ne donne pas satisfaction, l’établissement hospitalier, avec lequel il s’est engagé, peut ne pas renouveler le bail. Mais on est encore loin de là !
Il est utile de préciser que le bureau du Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille (SNS-AS-PF) n’observe pas le mouvement.
Bréhima DOUMBIA
L’Essor