« Quand je serai élu président, ma première visite se fera en Algérie » affirmait le candidat du parti Sadi, Dr Oumar Mariko lors de la campagne présidentielle de 2013. L’idée n’est pas débile. Cela en considération de tout ce que l’Algérie pèse dans le retour de la paix et de la stabilité dans notre pays. Un pays qui a abrité, aiguillonné et donné le nom de sa capitale à tous les récents accords signés entre le Mali et les groupes armés touaregs. Certes, si l’on se met dans le dynamisme du processus, on peut affirmer que le conflit, sinon la crise a changé de connotation. Il ne s’agit plus d’une guerre de tranchées entre l’armée loyaliste et les rebelles ou groupes armés touaregs, mais d’une menace permanente, exécutée de manière ciblée contre l’Etat et les forces étrangères par des groupes terroristes. Ceux-ci sont reconnus comme des avatars des groupes armés et leurs leaders, notamment Iyad Ag Ghali, taxés comme des protégés de l’Algérie et par ricochet de la France. De ce fait, Dr Oumar Mariko avait bien raison de vouloir commencer sa diplomatie présidentielle par l’Algérie. C’était le moment où l’enjeu principal se limitait à la cessation de la belligérance. De cette période à aujourd’hui il a changé d’objectifs.
Un moment il s’agissait d’amener les indépendantistes à s’asseoir autour de la table du dialogue, avec le concours de l’Algérie. Cela fut possible mais en terre algérienne.
Puis le défi a été d’accorder les violons sur la reconnaissance du Mali comme Etat indivisible, républicain, souverain et laïc. Encore une fois les hôtels huppés d’Alger ont servi de cadre pour cela.
Enfin, il restait la signature de l’accord, dit de Paix et de Réconciliation issu du processus d’Alger. Et cela a été effectué en deux temps, sous l’égide de l’Algérie.
Entre-temps, auréolé de ces acquis qu’on glorifiait dans toutes les grandes rencontres onusiennes, on a eu la maladresse d’oublier l’Algérie, son apport et surtout ce qui pourrait être son concours pour le retour de la stabilité, notamment celui de Kidal dans les girons de la République du Mali. Mais, l’on assista à un relatif blocage du processus. L’instance mise en place, le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) ouvre sa 23ème session demain, sans réussir pendant tout ce temps à tracer une ligne de conduite directe menant vers la paix. Comme un athlète foiré, il barbote sur la piste rocailleuse dont le point d’arrivée n’est pas encore déterminé dans le temps. De la Conférence d’entente nationale, à la Charte pour la paix, de la mise en route du MOC au lancement du DDR, l’on ne sait plus lequel de ces processus obstrue la voie vers la paix.
En clair, on a l’impression que toutes les actions déjà posées brouillent davantage les cartes, obscurcirent les scénarios et assombrirent les horizons. L’Etat, à chaque fois, se croyant au bout du tunnel, casse la tirelire pour ces chefs des groupes armés. Du coup, la porte de la grande banque, plutôt du CSA, s’ouvre chaque jour à de nouveaux groupes ou mouvements armés.
Ainsi ceux qui croient à ces mécanismes foirés ont le droit d’aspirer à la paix, tant que certains se lécheront les babines à Bamako. Par contre, s’il n’en demeure pas moins que le principal problème de la mise en œuvre de l’accord reste la menace terroriste, le salut ne pourra venir que de l’accompagnement du pays de Bouteflika. Peut-être en appoint à la nouvelle force G5. Surtout qu’il dispose d’une puissance de feu contre ce fléau. Pour preuve en 2017, l’armée algérienne a abattu 91 terroristes connus.
Le nouveau Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, d’ailleurs indexé comme le cuirassé de l’Algérie, a eu bien raison de réserver à ce pays sa première visite officielle, de la même manière qu’il a accordé sa première audience officielle à son ambassadeur dans notre pays.
On peut toujours continuer à se leurrer, la clé aussi bien du processus de paix et de réconciliation que de l’endiguement de la menace terroriste est entre les mains de l’Algérie.
Moustapha Diawara
Source: L’Aube