Depuis la mi-décembre, la configuration politique du Mali est connue, avec les différentes tendances, opposition et majorité. Mais le président de la République tarde encore à procéder à un remaniement gouvernemental. Et pendant ce temps, il se passe de bien curieuses choses dans les cabinets.
Plus d’un mois après l’élection de la nouvelle assemblée nationale et la mise en place de son bureau et des différentes commissions de travail, les Maliens continuent de compter sur une recomposition du gouvernement. Mais le chef de l’Etat, pour l’heure, ne semble pas être préoccupé par le changement d’une équipe gouvernementale qui peine à trouver ses marques dans un champ de jeu où, si tous les axes sont prioritaires, tous les joueurs n’ont pas forcément le même talent. Et pendant que les Maliens attendent en vain ce décret de changement, le mot est d’IBK en personne, les conseils de ministres continuent de procéder à des nominations individuelles comme si l’équipe en place devait s’éterniser. Et encore, les changements dans les cabinets ne sont pas toujours heureux, et semblent se faire par tâtonnements. Ainsi, dans un département aussi important et en vue que celui en charge de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord, on a assisté récemment à un bien curieux manège de la part de Cheick Oumar Diarrah. Il y a quelques semaines, cet important ministre sur qui tous les yeux sont braqués aurait convoqué deux de ses plus proches collaborateurs pour leur signifier qu’il mettrait fin à leur fonction au sein de son cabinet. Ses interlocuteurs auraient différemment pris la chose. Tandis que le monsieur a préféré garder le silence et mettre en mouvement ses réseaux et relations afin de se maintenir à son poste, la dame aurait choisie d’être discourtoise et grossière, dans le bureau du ministre. Conséquence : quelques jours plus tard, le monsieur a été viré et la dame a été affecté à un autre département ministériel où elle occupe le même poste que celui qu’elle venait de quitter.
Ce qui est surprenant dans cette affaire, c’est que le ministre, semble-t-il, aurait attendu pendant plusieurs jours pour trouver un remplaçant « copie conforme » à son secrétaire général avant de le virer. Pourquoi ? Simplement parce que celui-ci est un Touareg. Ce poste de secrétaire général serait-il donc spécialement conçu et gardé pour des Touareg ? Les ressortissants des autres communautés, et pas seulement celles du nord, ne peuvent-ils pas aussi bien faire l’affaire ? Et puis, pourquoi enlever Zeïdane Ag Sidalamine, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ex-responsable rebelle, certes, mais grand connaisseur des dossiers du nord, des questions de réconciliation nationale et de développement du nord, pour le remplacer par, certes, un autre Targui mais qui est déconnecté des réalités du nord pour n’avoir occupé jusque-là qu’une obscure fonction de conseiller technique à la présidence ?
Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que sa collègue discourtoise et désagréable, remerciée, semble-t-il, pour faute grave a, elle, été récupérée par une ministre du RPM.
Cette dernière aurait-elle été mieux inspirée de demander quelqu’un d’autre comme chef de cabinet ? On l’a dit nulle et incompétente, ne devant son poste qu’à son rang de présidente d’honneur du mouvement des femmes du parti présidentiel, elle aurait été mieux inspirée de s’entourer de collaborateurs plus compétents et plus utiles que celle dont elle vient de se flanquer. Et ses collègues ministres, également, si IBK compte leur faire jouer la troisième mi-temps.
Cheick TANDINA