Depuis le 12 février dernier, date de la mise en place du nouveau bureau de l’Assemblée nationale, les Maliens attendent un nouveau gouvernement, non pas parce l’équipe d’Oumar Tatam Ly a montré ses limites, mais pour le respect des principes démocratiques. Dans le système politique inventé par la Grèce, il y a 2500 ans, il y a des règles universelles que toutes les nations démocratiques doivent scrupuleusement respecter. Au nombre de celles-ci, la démission du gouvernement après les législatives, même si le Président devait reconduire la même équipe. Avec ATT, le Mali a voulu réinventer la démocratie avec le fameux consensus qui anéantissait toute velléité d’opposition. Nous avons vu les limites de ce concept, dans un système dit démocratique.
Aujourd’hui, on tarde à réagir pour la mise en place d’un nouveau gouvernement. Peut-être que cela s’appelle continuité. Mais, le principe démocratique voudrait que cela soit fait à temps et non à l’usure. On peut comprendre l’agenda du Président avec la visite de Sa Majesté, le Roi Mohamed VI du Maroc. Maintenant que l’agenda du président IBK est allégé avec la fin de cette visite et que tout est entré dans l’ordre, place à un nouveau gouvernement.
IBK ne doit plus attendre. Il doit agir parce que l’opinion publique nationale, voire internationale, attend impatiemment la composition de la nouvelle équipe. Les cadres des départements ministériels travaillent peu, dans l’attente du nouveau gouvernement. Les ministres hésitent à s’engager dans de grands dossiers ne sachant pas le sort qui leur sera réservé.
C’est dire que l’inquiétude s’est installée dans les rangs du gouvernement, ce qui joue forcément sur le rendement des ministres. Même si certains, par contre, se démènent, comme de beaux diables, pour prouver qu’ils ont travaillé et qu’ils méritent d’être reconduits.
En clair, un nouveau gouvernement s’impose pour insuffler une nouvelle dynamique à la marche du pays, pour permettre également à cette équipe là de se présenter devant les élus de la nation avec une déclaration de politique générale (DPG) laquelle sera certainement adoptée. C’est en ce moment seulement que le gouvernement aura toute sa légitimité et le peuple saura ses intentions. Sinon, actuellement, c’est la navigation à vue, en dehors des grandes questions brûlantes, gérées personnellement par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta.
Il faut alors former rapidement la nouvelle équipe pour être en phase avec son opinion publique.
Le suspense n’arrange rien, ne fait pas avancer les choses. Il faut un nouveau gouvernement, une nouvelle architecture gouvernementale avec des nouvelles orientations claires, en évitant l’émiettement de certains ministères qui, traditionnellement, vont ensemble. A propos de cette nouvelle équipe, qui sera certainement dirigée par le Premier ministre sortant, il serait bon d’élargir sa base politique et sociale. Des partis comme le CNID, le MPR, SADI et la CODEM pourraient y figurer. Parce qu’on ne vient pas dans la majorité présidentielle pour applaudir et faire le griot. On y vient pour goûter aussi la soupe même si c’est une seule cuillérée, quand d’autres en sont à plusieurs. A IBK de faire la part des choses et le meilleur choix. Pour l’honneur du Mali et la dignité des Maliens.
Chahana Takiou