Conçues pour devenir l’un des centres commerciaux les plus modernes et les plus importants de la sous-région, elles n’ont pu satisfaire cette vocation. A la bouderie des commerçants se sont greffées l’insalubrité et l’insécurité au point que le site est devenu l’un des endroits les plus mal famés de la capitale. La CCIM a décidé de reprendre les choses en main
Les Halles de Bamako n’ont pas fini de faire parler d’elles. En bien cette fois, contrairement à ce qui a toujours été le cas depuis leur inauguration. Les Halles baptisées du nom de l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, ont été conçues pour devenir l’un des centres commerciaux les plus modernes et les plus importants de la sous-région. Mais elles n’ont pu satisfaire cette vocation. Situées à Sogoniko en Commune VI du district de Bamako, elles sont bâties sur une vaste superficie de 6 hectares. Le centre a été construit pour abriter 6000 magasins appartenant à des particuliers. Le joyau, car c’en est un, qui a coûté 14 milliards de Fcfa a été inauguré en 2002.
L’ouverture du centre commercial avait suscité à l’époque beaucoup d’enthousiasme, tant les installations faisaient la fierté des Bamakois et même de l’ensemble de nos compatriotes. Mais cet enthousiasme fut assez rapidement douché. En effet, l’endroit fut vite confronté à un problème fondamental : le peu d’empressement des commerçants à s’y installer. Le centre commercial n’a jamais été véritablement occupé par les négociants. Les seuls « moments de gloire » auront été les quelques éditions de la « Rue marchande » et de la FEBAK qui y étaient organisées. A la bouderie des commerçants se sont greffées l’insalubrité et l’insécurité. De fait, les Halles sont rapidement devenue un des endroits les plus malfamés de la capitale. Heureusement, les choses devraient désormais changer.
A POINT NOMME. Le « salut » est venu de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) à travers le Collège transitoire qui la dirige. Elle a décidé d’acquérir les Halles. La convention marquant la première étape de cette acquisition a été paraphée hier par le président du Collège transitoire de la CCIM, Mamadou Tiéni Konaté, et le président directeur général de la BHM, Modibo Cissé. C’était en présence des représentants des différentes corporations professionnelles membres de la CCIM.
Cette initiative survient à point nommé au moment les autorités ont décidé de mener une vaste opération de libération des voies publiques de la capitale par les vendeurs.
L’acquisition de la CCIM devrait opportunément permettre de recaser les commerçants qui occupent les trottoirs et les voies publiques à travers la ville. Il s’agit d’une solution inespérée pour ce centre qui a plongé dans le délabrement le plus total. L’insécurité et l’insalubrité y règnent en maîtres absolus. Les Halles de Bamako reviennent d’ailleurs régulièrement dans la rubrique des faits divers de votre quotidien.
Le site renvoie aujourd’hui un spectacle particulièrement désagréable. Des kiosques inadaptés et anarchiquement installés côtoient des abris de fortune occupés par des malades mentaux. Des montagnes d’ordures et de vieux conteneurs laissent échapper des odeurs pestilentielles. L’endroit est infesté de bandits de toutes les nationalités de la sous-région et même au-delà. La prostitution est devenue l’une des activités phares des Halles. Dès la nuit tombée, les bandits y font régner leur loi.
Le manque d’entretien de l’infrastructure a engendré une insalubrité sans précédent. Les caniveaux qui servent à drainer les eaux de pluie vers le collecteur principal sont obstrués. Et apparemment, aucune mesure d’entretien de ces ouvrages n’est envisagée. A l’intérieur de la bâtisse, des tas d’ordures sont alignés. Les occupants nocturnes du lieu, n’hésitent pas de se soulager au beau milieu du marché. Car, une grande partie du site est sans éclairage. Bref la pagaille est indescriptible.
UNE EVALUATION POUSSEE. En décidant d’acquérir les Halles, la CCIM ambitionne de leur donner une nouvelle vie pour qu’elles retrouvent leur vocation initiale de centre commercial moderne. Le conseiller juridique de la BHM, Aguibou Bouaré, explique que la CCIM a, depuis 2013, engagé des discussions avec la Banque pour acquérir les Halles. « Cette convention va permettre à la Chambre d’acquérir l’ensemble des magasins et des espaces commerciaux disponibles dans les Halles de Bamako. Pour le moment, on a identifié un millier de magasins mais nous avons engagé une évaluation poussée pour connaître le nombre exact des magasins et autres espaces commerciaux. Tous ceux-ci seront mises à la disposition de la CCIM qui définira les nouvelles conditions d’acquisitions et de gestion des Halles », a-t-il indiqué.
Le PDG de la BHM, Modibo Cissé, s’est réjoui de la conclusion de cette convention qui marque une nouvelle étape dans la vie de ce centre commercial. « Les Halles de Bamako sont un espace commercial. Que peut-on souhaiter de mieux que le monde du commerce s’en approprie ? », a-t-il interrogé, tout en assurant de son engagement personnel à contribuer à diligenter toutes les démarches afin que les Halles reviennent effectivement à la CCIM.
Le président du Collège transitoire de la CICIM, Mamadou Tiéni Konaté, a évoqué la situation déplorable dans laquelle les Halles se sont retrouvées depuis leur inauguration. « La CCIM s’est engagée dans l’acquisition des Halles pour y installer les détaillants et rendre cet investissement productif pour le monde des affaires. C’est donc très heureux que nous signions cette convention qui marque la première étape de cette acquisition. Je suis d’autant plus heureux que le besoin de recasement des détaillants qui doivent libérer les voies publiques devient une préoccupation nationale », a-t-il ajouté assurant les commerçants détaillants que l’infrastructure a été acquise pour eux et que les conditions seront simplifiées pour leur permettre d’y avoir des magasins.
Tour à tour, les représentants des associations et groupements professionnels du secteur privé remercieront les responsables du Collège transitoire pour cette initiative. Les représentants des commerçants détaillants se sont réjouis de cette initiative qui selon eux constitue une priorité urgente vu l’imminence de l’opération de libération des voies publiques.
D. DJIRE