Rien d’étonnant que le bilan des 100 premiers jours du gouvernement dirigé par Boubou Cissé fasse l’objet de débats contradictoires. Cependant, son équipe a apporté un léger apaisement de la tension sociale qui prévalait à tous les niveaux du pays. La palme d’or revient naturellement au Premier ministre, mais l’entrée de certains ministres a donné un souffle nouveau à l’exécutif malien. Les faits.
Il y a d’abord l’apaisement du climat politique pour lequel Boubou Cissé avait dû batailler dur pendant près de deux semaines après sa nomination le 22 avril. Le résultat fut un accord politique de gouvernance signé le 2 mai 2019, ce qui a ouvert la voie à l’entrée de certains partis issus de regroupements politiques dans le nouveau gouvernement.
L’un des avantages de cet accord politique est la cessation des contestations politiques dans la rue. Le 5 mai, la liste des membres du gouvernement est dévoilée au grand public qui a été surpris par l’aspect composite de l’équipe formée d’anciens opposants et de nouvelles figures proches des regroupements politiques de la majorité traditionnelle.
Pour les autres faits, on se souvient de la date du 11 mai 2019 comme celle de la fin de la grève de la faim des cheminots, un débrayage au cours duquel certains ont trouvé la mort sous le regard impuissant de toute la nation. Ce n’est pas par enchantement que les cheminots ont renoncé à leur grève. La crise a été dénouée en partie par l’arrivée d’un nouveau ministre des Transports, Ibrahim Abdoulaye Ly, qui a mis fin à quatre mois de cessation de travail.
Autre crise résolue par le nouveau gouvernement, c’est celle qui a paralysé les écoles maliennes au point que l’on redoutait une année blanche. Les enseignants du secondaire et du niveau fondamental ont trouvé finalement un terrain d’entente avec le pouvoir le 18 mai 2019. Le déclic a bien été l’arrivée de nouvelles personnalités: Oumar Hamadoun Dicko au portefeuille du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique, et Témoré Tioulenta au ministère de l’Education nationale.
On peut aussi imputer la paternité de l’élan de paix en cours dans la région de Mopti au gouvernement actuel. Le 26 mai, le communiqué du Conseil des ministres a annoncé que Tiébilé Dramé, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a initié un Cadre politique de gestion de la crise au centre du pays. L’organe de gestion placé sous le contrôle du Premier ministre travaille d’arrache-pied à résoudre l’insécurité dans les régions de Mopti et de Ségou en combinant les moyens militaires et politiques.
Pour revenir à Boubou Cissé, qui est par ailleurs ministre de l’Economie et des Finances, on doit noter sa méthode administrative. Il a su finalement calmer les esprits chez des fournisseurs de l’Etat. Fin juillet, il a instruit au Trésor le paiement de 100 milliards CFA pour rembourser la dette intérieure. Les spécialistes estiment que ce geste pourrait redynamiser l’économie nationale.
D’autres ministres ne sont pas en reste de ce dynamisme qui a abouti à des faits marquants. Après plusieurs années d’attente, des logements sociaux ont été finalement attribués à des bénéficiaires. On retiendra que Hama Ould Sidi Mohamed Arbi, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement social, a été enfin capable de mettre un terme à la longue attente.
Néanmoins, d’énormes défis doivent être relevés par le nouveau gouvernement qui a montré en 100 jours que les lignes peuvent bouger. Les milices sont loin d’être désarmées, la pauvreté est galopante et les mouvements sociaux peuvent reprendre à tout moment. Malick Coulibaly, ministre de la Justice, aura fort à faire pour combler les attentes des organisations de défense des droits de l’Homme.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain