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Gouvernement: à couteaux tirés sur les élections

Le gouvernement de transition prépare les esprits à un probable report de la présidentielle de février prochain, ouvrant de facto la voie à une prolongation de la transition. D’un autre côté, certains partis politiques tiennent au respect du chronogramme électoral et le font savoir

« Plus que de questions de délais, il s’agit de l’avenir du Mali », lance Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation de l’État. « Nous allons identifier les opérations pratiques jusqu’aux élections. À partir de là, on pourrait tomber sur le 27 février comme on pourrait avoir deux semaines ou quelques mois de plus. Le plus important pour nous est de tirer les leçons du passé », déclarait à des médias français le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. On s’achemine donc vers un probable report de la date des élections au Mali. Et pour l’ancien Premier ministre Moussa Mara, pas de doute, c’était l’intention du Premier ministre de la transition depuis sa nomination. « Cela met enfin en évidence la contradiction entre les propos tenus par le même Premier ministre ces derniers mois. Il a d’abord commencé par dire qu’il s’en tiendrait au chronogramme initial, qui consacre le respect des délais, avant d’indiquer que ce sera aux Assises de la refondation de dire si le délai serait respecté ou pas, pour enfin annoncer lui-même, avant leur tenue, que le délai ne le serait pas ».

Cependant, il y a une réalité de taille à ne pas occulter. Si le gouvernement prétexte vouloir éviter une crise post-électorale pour légitimer la prolongation de la transition, l’absence de l’État due à l’insécurité pose le problème de l’organisation d’élections crédibles sur toute l’étendue du territoire. L’attaque du convoi d’une entreprise minière le 28 septembre dernier, à 188 km de Bamako, avec 5 morts, rappelle que le phénomène est toujours présent et se métastase de plus en plus au sud du pays.

Alors, pour le gouvernement, l’urgence est de diagnostiquer les maux du pays lors des «  Assises nationales de la refondation (ANR) », au sortir desquelles des décisions concrètes pourraient permettre l’organisation d’élections crédibles et également faire appel à de « nouveaux partenaires sécuritaires » pour pacifier le Mali. Si certains partis politiques soutiennent le gouvernement sur cette lancée, d’autres, et pas des moindres, comme l’ADEMA, le RPM ou encore YELEMA, ne sont pas de cet avis. Du 24 au 26 septembre dernier, ils ont boycotté la table-ronde sur les réformes électorales et la validation de l’avant-projet des TDR des ANR. « Est-ce qu’une autorité malienne peut assurer les acteurs que nous sommes qu’en reportant les élections de quelques mois nous aurons une situation sécuritaire meilleure ? Je pense que non », pense Moussa Mara. « Ceux qui ont pris le pouvoir le 18 août avaient la charge de nous amener à la sécurité. Depuis plus de 13 mois c’est le contraire, la situation a empiré ». « On se demande si la situation sécuritaire ne fait pas partie d’une stratégie aux fins du report de la date des élections », s’indigne Djiguiba Kéïta, Secrétaire général du PARENA.

Consensus

Au contraire du gouvernement, qui pense qu’organiser les élections dans un tel contexte n’est pas possible, des partis politiques exhortent à s’inspirer de l’exemple de certains autres pays en crise. « Prenons simplement exemple sur le Burkina Faso, qui vit les mêmes problèmes que le Mali et a pu organiser l’une des meilleures élections en Afrique, sans aucune contestation profonde. Les autorités et les acteurs politiques se sont simplement entendus sur les endroits où il était possible d’organiser les élections et ceux où cela n’était pas possible. Dans un consensus constructif, ils sont allés aux élections et ont accepté les résultats. Cela n’est pas au-dessus des forces du Mali. Le consensus est le mot magique aujourd’hui. J’espère qu’il sera l’objectif de la transition », propose Moussa Mara.

Djiguiba Kéïta est du même avis. « Conscients de la précarité de la situation, l’État, la classe politique et la société civile, par une farouche volonté politique doublée d’un sens élevé de la patrie, peuvent s’accorder sur l’essentiel ».

Boubacar Diallo

 Source : Journal du Mali

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