Pendant 18 mois, le projet NEPAD-Espagne a encadré les femmes de cinq communes du cercle de Kati pour leur participation effective à la gestion de leur cité

En vue d’atteindre les objectifs politiques que sont la légitimation de l’Etat de droit et la dévolution des pouvoirs aux collectivités pour leur participation au processus de prise de décision, notre pays a opté pour la décentralisation intégrale. Cette volonté politique est concrétisée par une loi déterminant les conditions de la libre administration des collectivités territoriales. Cependant, malgré les dispositions règlementaires en faveur de la participation publique décentralisée, le degré d’implication des femmes laisse à désirer.

Cela en dépit du fait que les femmes représentent plus de la moitié de la population malienne. Autre paradoxe : la Malienne qui constitue la majorité de l’électorat n’est représentée dans les conseils municipaux qu’à hauteur de 8,6%. Il est donc souhaitable que la prise en compte du genre soit effective dans les stratégies de développement. En la matière, l’Etat, la société civile et les partenaires au développement ne manquent pas de stratégie pour accroitre la participation des maliennes à la gouvernance locale.
A cet effet, notre pays à travers le Consortium Six « S » Grapes a bénéficié de l’appui technique et financier du Fonds NEPAD/Espagne pour l’autonomisation des femmes africaines. Ce fonds est géré par le Programme genre de l’Agence du NEPAD. Le projet dénommé « Renforcement des capacités de participation des femmes à la gouvernance locale dans cinq communes du cercle de Kati » a été financé par le Fonds NEPAD /Espagne à hauteur de 121 089 400 Fcfa. Pendant 18 mois, le projet a été exécuté dans des communes de Kati : Baguinéda, Dialakoroba, Kourouba, Mountougoula et Niagadina. Il entendait contribuer de façon significative à l’amélioration des conditions de vie des femmes grâce à la promotion effective de leurs droits. Pour y parvenir, le projet a travaillé à promouvoir les droits des femmes dans 40 villages des cinq communes rurales retenues en utilisant la communication pour le changement de comportement et l’offre de services de renforcement des capacités des femmes. Plusieurs actions de formation, d’information, de sensibilisation, de plaidoyer ont ainsi été menées auprès des chefs de village, des leaders communautaires, des partis politiques, des chefs de famille.
Les femmes, bénéficiaires directes du projet, ont été formées, informées et sensibilisées sur plusieurs thèmes comme la décentralisation, la convention sur les droits de la femme, le processus électoral, le rôle et la place des femmes dans le processus démocratique, la communication et la prise de la parole en public. Elles pourront ainsi participer pleinement au processus des élections et accéder aux instances de prises de décision.
C’est pour vérifier les résultats et procéder à la clôture du projet que la mission, dirigée par la responsable du Programme genre du NEPAD/, Mme N’Dèye Rosalie Lo, la chargée du programme, Mme Rokhaya N’Diaye, et Wazir Sanga, le responsable financier, ont effectué une visite dans les zones du projet. La délégation était accompagnée par les responsables du Consortium Six « S » Grapes, notamment sa présidente, Mme Dolo Oumou Diombélé.
La visite a commencé par la commune rurale de Baguineda où les visiteurs ont remis au CSCOM des chaises, des bancs métalliques, des tables d’accouchement, des boites d’accouchement complet, des boites à pansement, des lits d’hospitalisation et divers matériels permettant de prendre en charge efficacement la santé de la mère et de l’enfant en particulier et celle de la population de la commune bénéficiaire. Mme N’Déye Rosalie Lo et sa délégation ont discuté avec les femmes bénéficiaires du projet. Sur les quinze formées aux divers thèmes de participation à la gouvernance locale, douze sont positionnées pour être candidates lors des élections communales à venir. Les futures candidates ont plusieurs stratégies pour rehausser le taux de représentation des femmes à la mairie. Signalons que pour ce mandat qui tire à sa fin, la mairie de Baguineda ne compte que deux femmes (dont une est décédée) sur vingt-deux conseillers. Pour les prochaines compétitions électorales les femmes de Baguineda ne veulent plus être cantonnées à l’applaudimètre. Elles sont déterminées à participer en tant que candidates auprès des hommes pour être impliquées dans la gestion de la commune.
Les arguments de Mme Traoré Adjaratou, conseillère à Baguinéda, sont sans équivoque : « Nous allons tout faire pour que les partis politiques mettent un accent particulier sur l’égalité des chances. Ils doivent reconnaître le rôle des femmes dans le renforcement de la démocratie, de l’égalité et du développement durable ».
Une vaste campagne de sensibilisation des femmes est prévue pour les inciter à voter pour les listes qui auront accordé plus de places aux femmes, leur auront assurées un meilleur positionnement sur la liste des candidatures et auront élaboré un programme sensible à leurs préoccupations. La délégation s’est ensuite rendue à Mountougoula où elle a visité l’adduction d’eau réalisée par le projet.
Ce fut ensuite au tour de la commune rurale de Dialakoroba d’accueillir la délégation. Ici le CSCOM a reçu 2 tables d’accouchement, une armoire métallique, 4 lits d’hospitalisation, autant de matelas, deux tensiomètres, deux boites d’accouchement complet, 2 pèses bébé, 10 chaises. Le centre a aussi bénéficié d’un branchement à l’eau potable. Comme dans les deux premières localités, les femmes ont loué les bienfaits d’un projet qui leur a permis de mieux connaitre leurs droits et d’être prêtes à peser dans la gouvernance de leur commune.
La commune de Niagadina a été la dernière étape de cette visite de 3 jours. Plusieurs équipements sanitaires visant à contribuer à l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant ont été offerts au CSCOM. Dans les 5 communes, il a été enregistré 68 femmes, futures candidates aux élections communales.
L’ambition du consortium Six « S » Grapes est d’atteindre 15% comme taux de représentation des femmes dans les communes couvertes par le projet contre 7,59% actuellement. La délégation du NEPAD a été sensibilisée sur les difficultés auxquelles les femmes rurales sont confrontées, en particulier la pauvreté, l’accès difficile à l’éducation, l’absence de formation de qualité, les pesanteurs socioculturelles.
Les responsables de l’Ong Consortium Six »S » Grapes, les autorités administratives, communales, les chefs de village et les populations bénéficiaires ont remercié l’Agence du NEPAD et le gouvernement espagnol pour leur engagement et leur soutien technique et financier.
M. A. TRAORE

source : L’ Essor