Comment comprendre qu’à deux pas des examens de fin d’année scolaires, les élèves se pavanent encore dans les » balani show » à des heures tardives ?
Comment ne pas être surpris quand, en mai et juin avant les examens scolaires, nos jeunes adolescents rivalisent d’ardeur dans des tournois de football alors que de nombreux joueurs de ces équipes sont candidats au bac ? La réponse est souvent simple : la plupart de ces élèves comptent sur les moyens frauduleux pour réussir leurs examens respectifs. Et de petits esprits de parents de ces apprenants s’échinent à aller vers les directeurs d’académie et autres cadres du ministère pour « chercher « les épreuves de ces examens. A coup de billets de banque, ces assassins de l’avenir du Mali finissent par s’acheter les épreuves. Ils mettent leurs réseaux d’amis à contribution pour convaincre des enseignants à traiter ces épreuves pour leurs progénitures. Et, sans honte aucune, les voilà remettant les corrigés à ces candidats qui n’ont pas grand-chose dans la tête à aller en salle d’examen avec ces papiers de fraude. C’est à croire qu’ils ignorent que de telles pratiques sont sanctionnées par des peines d’emprisonnement. Celles-ci se banalisent et personne ne s’en émeut. Décidément, cela devient une tradition.
Nombreuses fuites
La semaine dernière, peu de temps avant les épreuves du DEF, il y a eu de nombreuses fuites. Les sujets d’examens se vendaient comme de petits pains dans les rues. Quelle honte ! Cette situation lamentable a été enregistrée aussi bien à Bamako qu’à l’intérieur du pays, notamment Sikasso, Koutiala, Ségou, etc. D’où la nécessité de prendre des mesures courageuses et radicales pour ne pas avoir une génération sacrifiée. Qui a intérêt à saboter les examens ? C’est la question que le citoyen lambda se pose avec les fuites répétitives des sujets de tous les examens chaque année.
Demain, c’est le début du baccalauréat. Ce triste spectacle sera-t-il encore au rendez-vous ? De grâce ! Madame le ministre, c’est votre honneur et celui de vos collaborateurs qui sont en jeu. Vous devez montrer au peuple malien que vous êtes véritablement engagés dans la dynamique du « Mali d’abord » pour réaffirmer «l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens « . De quel honneur peut se prévaloir le Malien lambda si le bachelier malien est le dernier dans la sous-région? Quelle dignité est nôtre quand le meilleur de nos bacheliers est l’un des derniers dans les universités étrangères?
Sanctionner les fautifs
Le ministère de l’Education doit prendre des mesures idoines pour sanctionner les fautifs de ces fuites qui ne sont rien d’autres que des crimes contre l’humanité. Il faut que les parents, les agents, les élèves impliqués dans ces trafics soient punis à hauteur de souhait. Les sanctions, faut-il le rappeler, ont leur vertu en terme de dissuasion pour annihiler ce fléau qui devient de plus en plus préoccupant.
Pour les épreuves du baccalauréat, si jamais une fuite est constatée, l’épreuve concernée doit être annulée et tous les suspects interpelés et châtiés avec une main lourde !
A moyen terme, les promoteurs d’écoles privées doivent faire l’objet d’une enquête de moralité assez poussée avant de leur donner l’agrément. Car, il nous est revenu que les » entrepreneurs » du monde éducatif sont souvent des maillons essentiels du système de fraudes portant sur l’organisation des examens.
Fini des discours, vivement les actes
Dire que toute cette pagaille survient au moment où la ministre de l’Education nationale, Mme Togola Jacqueline Marie Nana, a fait récemment une sortie médiatique pour dissuader les fraudeurs. Elle a, en substance, déclaré que « L’Etat malien sera intransigeant désormais face aux fraudeurs et leurs complices en période d’examen. C’est fini, désormais, avec les fuites de sujets, les fraudes dans les salles d’examen et de correction « . Elle doit nous prouver cette intransigeance de l’Etat. Le temps n’est plus au discours mais aux actes. Madame la ministre, si les épreuves du baccalauréat enregistrent des fraudes avec la même ampleur, nous vous prions simplement de bien vouloir… rendre le tablier !
Bruno Djito SEGBEDJI