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Gouvernance du pays : L’option qui s’offre à IBK pour sauver la République !

Environ un million de personnes ont répondu, le vendredi 05 juin 2020, ‘’oui’’ à l’appel de l’imam Mahmoud Dicko et alliés au monument de l’Indépendance. La réussite de ce rassemblement pourtant controversé s’explique, au-delà du poids de mobilisation de ses organisateurs, par la colère de la plupart des Maliens envers le pouvoir en place qui peine à respecter ses promesses de campagne. La passion est sur le point de dominer la raison de pas mal de citoyens qui ne voient comme solution que « la démission » du président de la République. Faut-il négliger le combat de ces citoyens ? Non. Une seule solution s’impose à IBK pour sauver son régime et la République en même temps : écouter le cri de cœur des Maliens et changer la façon de gouverner le pays.

 

Le Mali est malade et se trouve d’ailleurs dans un état critique. La colère des citoyens se sent partout, dans les mots comme dans les pratiques. Les secteurs clés du pays : Éducation, Santé, Sécurité… sont paralysées. La corruption, la mauvaise gouvernance, l’extravagance dans laquelle vivent certains proches du régime, le chômage, les difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité, l’insécurité alimentaire… grossissent chaque jour le lot des révolutionnaires circonstanciels. Les enseignants, victimes de la violation de l’article 39 de leur statut particulier, et les frustrés des élections législatives dernières aussi. Chacun de ces mécontents ne veut plus d’IBK et de son régime.

L’union des forces entre la CMAS, le FSD et l’EMK, un coup dur pour le régime IBK !

Si après la démission forcée de l’ancien premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et la formation du Gouvernement Boubou Cissé, le régime IBK a été renforcé, car ayant récupéré certains opposants radicaux, il vient d’être fragilisé. Oui, l’union des forces entre la CMAS de Mahmoud Dicko, un mouvement politico-religieux qui bénéficie, de nos jours, de la confiance de bon nombre de Maliens ; le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie qui regroupe la plupart des partis politiques de l’opposition, dont l’URD de Soumaila Cissé ; et le mouvement Espoir Mali Kura regroupant des formations politiques et associations de la société civile, jouera, sans nul doute, sur le régime IBK.

En effet, chacun de ces mouvements a des capacités de mobilisation inestimables. Mieux, ils dénoncent tous les mêmes maux : la gestion « catastrophique » de la crise multidimensionnelle ; les atteintes à la souveraineté et à l’intégrité du territoire du pays ; la généralisation de l’insécurité partout dans le pays ; la corruption, la mal gouvernance, le gâchis financier au détriment des paysans et secteurs privés ; la destruction des services sociaux de base (éducation, santé l’électricité, l’eau, les infrastructures) ; l’appauvrissement croissant des populations ; les atteintes aux valeurs et principes de la République ; le péril des droits et libertés individuels et collectifs des citoyens ; l’impasse d’une voie électorale hypothéquée. Tous ces maux sont une réalité aujourd’hui. Ils ont donc facilement l’adhésion des Maliens à leur combat. Tous les autres frustrés, ceux qui ont des comptes à régler avec IBK ou son régime, ont vite rejoint le bateau de ces trois organisations.

Le vendredi dernier, ils ont pu mobiliser des dizaines de milliers de personnes venues de partout à travers le pays. Certains ont même passé la nuit au monument de l’Indépendance. Tous les opposants se sont retrouvés et même certains soutiens d’IBK sont entrés dans la danse.

Aujourd’hui, que l’on veuille ou pas, ces organisateurs du rassemblement du 5 juin 2020 peuvent faire trembler le régime. Ils le font d’ailleurs.

IBK condamné d’écouter tout le monde

Le président de la République doit, après le rassemblement du vendredi, reconnaitre la force de ces trois organisations. Ses proches doivent lui dire cette vérité. La première erreur qu’IBK doit éviter, c’est de négliger ces mouvements, leurs réclamations comme certains de ses soutiens le font d’ailleurs. Nul ne peut nier le malaise social aujourd’hui. Il doit tout faire pour sauver son régime, mais aussi la République qui est en danger. Pour cela, il est contraint, malgré son pouvoir, d’écouter tout le monde, les acteurs du rassemblement du 05 juin surtout. S’il faut un autre dialogue différent du DNI, pourquoi ne pas le faire ? Qu’IBK n’écoute aucun de ses proches opportunistes qui le déconseille de dialoguer avec Dicko et alliés. Aussi, il est important qu’il cherche à changer sa façon de gérer le pays : le clanisme, la corruption, le laisser-aller…

Avec les enseignants et d’autres travailleurs victimes de la violation de loi, que l’État engage le dialogue. C’est uniquement dans ces conditions qu’IBK pourra non seulement sauver son régime, mais aussi la République.

Boureima Guindo

 Le Pays

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