Comme pour signifier que Ghislaine Dupont et Claude Verlon appartenaient aussi au martyrologue malien, l’Association des Amis de Gigi a choisi le 26 mars, jour de commémoration pour les martyrs de la démocratie au Mali, pour se faire entendre. Le ton, il est déjà donné dans le tout premier communiqué de ladite association présidée par la maman de Ghislaine Dupont.
Ce communiqué quoique contenu rappelle que cinq mois se sont écoulés depuis la tragédie et s’inquiète qu’ « à ce jour aucune instruction n’est ouverte, l’enquête restant entre les mains du Parquet de Paris ». Les familles, les proches des victimes de même que l’opinion n’ont aucune information. Chape de plomb ? L’expression est lâchée. Des raisons de taire la vérité ? L’Etat français voulait-il le faire comprendre qu’il ne se comporterait pas autrement. Or les amis de Gigi veulent savoir. Vu du Mali, théâtre de la tragédie, on sait les faibles capacités de notre système judiciaire ou sécuritaire à mener, en ce moment, des enquêtes de qualité dans la Région de Kidal.
On sait également que les enquêtes aboutissent peu ou sont rarement rendues publiques. Mais Paris n’aura pas les mêmes excuses. Et c’est vrai qu’il est totalement étrange que l’enquête, côté français ne donne pas l’impression de progresser. En même temps, on peut bien se demander quelles raisons d’Etat, à Bamako ou à Paris, peuvent amener à ne pas vouloir faire toute la lumière sur une affaire qui a généré tant d’émotion, qui est de tant de gravité et qui a eu une répercussion planétaire. Ghislaine et Claude seront peut-être les morts les plus sonores de la raison d’Etat.
Adam Thiam