La ministre des Armées a précisé que dans la journée du 5 juin des militaires de Barkhane ont détecté la préparation d’une opération terroriste dans le nord Mali à Aguelhok et qui visait une position de la Minusma. Une opération qui a conduit a éliminé 4 terroristes parmi lesquels Baye Ag Bakabo. C’est cet homme qui conduisait le pick-up utilisé pour le rapt de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Leurs corps avaient été retrouvés moins de deux heures plus tard à une douzaine de kilomètres de Kidal.
Après l’annonce de l’élimination de ce chef jihadiste, c’est de la déception et de la tristesse qui dominent pour Danièle Gonod, la présidente de l’Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Les proches de nos confrères ont encore beaucoup de questions.
« Depuis le début, nous nous posons des questions sur les motifs des ravisseurs. On nous a parlé d’une simple crapulerie de la part de jihadistes, l’argent a été mis en avant. Mais Ghislaine et Claude travaillaient aussi sur un certain nombre de dossiers difficiles. Ils ont été enlevés au moment de la libération des otages d’Arlit. Donc, on a besoin de savoir quelles étaient les réelles motivations, l’argent était peut-être prioritaire, mais n’était peut-être pas le seul motif. On a beaucoup de questions autour des circonstances de l’enlèvement, de la poursuite des ravisseurs, de la façon dont ils sont morts. On a besoin de cette vérité. Les familles, l’association et les amis ne seront jamais apaisés tant qu’on n’aura pas un minimum d’informations sur la vérité de ce drame. »
Des questions auxquelles aurait peut-être pu répondre Baye Ag Bakabo pointe Marie Dosé, avocate de l’Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. « Nous aurions tellement aimé le voir dans un box d’une cour d’assises pour qu’il réponde de ses actes, pour qu’il réponde à nos questions et à celles des magistrats. C’est tout cela dont nous prive cette opération. Nous sommes privés de sa version, de son explication. Il est le cœur même de l’opération de l’enlèvement de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Nous avions tellement peur que cette opération un jour nous prive de la vérité. C’est ce qui est en train de se passer. Toutes les questions restent en suspens et c’est ça qui est terrible pour les parties civiles. L’instruction se poursuit, le magistrat instructeur continue d’instruire. Il y a d’autres personnes mises en cause, il y a d’autres personnes à interpeller, à entendre et à juger. Nous l‘espérons en tout cas. »
L’annonce de ce décès ne satisfait pas non plus Reporters sans frontières. « Ça ne participera en rien à la manifestation de la vérité, bien au contraire, estime Arnaud Froger responsable du bureau Afrique à RSF. C’est un témoin, peut-être même un responsable de premier plan qui disparaît. Ce que RSF et les proches de Ghislaine et Claude attendent, c’est de savoir ce qui s’est passé et c’est une forme de réponse judiciaire. Si les protagonistes et les responsables présumés de cet enlèvement et de ce double assassinat meurent et disparaissent les uns après les autres, il n’y aura malheureusement pas de justice et peut-être qu’on aura du mal à éclairer toutes les zones d’ombre qui entourent encore ce double assassinat. »