La destination des déchets liquides après la vidange des égouts échappe à bon nombre de Bamakois. Une question cruciale qui devait attirer notre attention. Si certaines personnes se débarrassent de leurs déchets liquides via les caniveaux, d’autres utilisent les services des «spiros». Cependant, ces derniers sont confrontés à de pénibles difficultés dans l’exercice de leur travail.
L’obtention d’un site de déversement définitif et techniquement aménagé demeure l’une de leurs préoccupations constantes. En outre, la saison des pluies est une circonstance aggravante pour ce problème puisque les terrains qui reçoivent les déchets sont récupérés par leurs propriétaires pour les activités agricoles. Pour ce faire, nous avons rencontré Samou Samaké, secrétaire général du syndicat national des vidangeurs du Mali, accompagné de Moussa Coulibaly, secrétaire à l’organisation. Le secrétaire général explique que depuis 10 ans, l’association lutte pour avoir un site définitif. «Nous avons fait une vive réclamation au niveau des structures compétentes en la matière, mais nous n’avons pas encore obtenu un site de déversement officiel», dit-il. N’ayant pas de lieu officiel ou vider leur charge, les vidangeurs exploitent différents terrains. Parmi ces sites, il y a la zone aéroportuaire. Samou Samaké nous raconte la petite histoire à propos de la réception de cette zone. «Pendant le mandat du président Amadou Toumani Touré, nous avons fait une grève et après nous avons obtenu le site de la zone aéroportuaire à titre provisoire. Tous les autres lieux provisoires qui nous avaie nt été attribués ont été repris à notre grande surprise», relève-t-il. Notre interlocuteur soutient que le gouvernement peut bel et bien trouver une station pour les déchets liquides qui constituent une source grave d’insalubrité. A l’en croire, si les autorités sont capables de trouver sans coup férir des terrains pour les logements sociaux, cela devrait être de même pour les déchets qui viennent de ces habitations. «Nous rendons la tâche du gouvernement plus facile», a-t-il signalé avant d’affirmer que tous les gouvernements qui se sont succédés, n’ont jamais accepté de faire face à la gestion efficace des déchets. Toutefois, Samou Samaké annonce que les autorités actuelles ont promis d’attribuer au groupement un terrain définitif à Sabalibougou Courani. Cette promesse encourageante et salutaire, dit-il, doit être concrétisée le plus tôt possible. «Nous attendons impatiemment que ce site soit opérationnel. Il permettra de mieux organiser notre travail», a souligné notre interlocuteur.
L’un des impacts de cette embrouille est l’absence d’un prix commun pour la prestation de vidange. Selon le secrétaire général, cela est dû à la distance parcourue par les différents prestataires pour atteindre la décharge. S’il y a un site aménagé pour le déversement, relativise-t-il, il sera possible de contrôler le prix en fonction des capacités des véhicules qui varient de 7m3 à 20 m3.
Quant à son collègue Moussa Coulibaly, il s’est dit écœuré par le comportement tracassant des policiers à leur endroit. «Ils empêchent nos conducteurs de travailler librement sous prétexte que le liquide qui s’échappe du réservoir salit les routes» a-t-il dénoncé, ajoutant que cela est indépendant de leur volonté. Néanmoins, il a salué l’accompagnement de la mairie du District qui les aide à rendre plus praticable la voie qui mène à la décharge.
In fine, nos deux interlocuteurs ont adressé leurs vifs remerciements aux partenaires techniques et financiers qui les appuient dans ce travail pénible. En revanche, ils invitent le gouvernement à diligenter l’aménagement du site de déversement qu’il leur a promis. S’adressant aux populations, le secrétaire général les exhorte à s’engager sans relâche à défendre toutes les initiatives visant à protéger leur environnement.
Mohamed D. DIAWARA
ESSOR