Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a livré dans son discours de nouvel an, ainsi que lors de la présentation des vœux, un message coercitif. A moins de huit mois de la fin de son mandat, le Président IBK sort ses griffes et semble siffler la fin de la récréation.
A la fois sur l’offensive et sur la défensive, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta a livré un message de fermeté lors de son discours du nouvel an et de la série de présentations des vœux. Cette sortie a été suivie des dispersions sans management, par les forces de l’ordre, de trois manifestations. Celles des femmes des ex-travailleurs de l’Huicoma, des marcheurs du Mouvement ‘’On a tout compris’’ et du Collectif des Amazones contre les violences conjugales.
A moins de huit mois de la fin de son mandat, le Président IBK sort ses griffes. Cette répression des manifestants pacifiques a été dénoncée par les partis politiques de l’opposition, notamment le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), l’Union pour la République et la Démocratie de Soumaïla Cissé et le groupe parlementaire ADP-MALIBA-SADI.
Le Chef de l’Etat a laissé éclater sa colère contre ses opposants politiques mais aussi tous ceux qui critiquent sa gestion des affaires. Le locataire du Palais de Koulouba a mis en garde, dans son discours de nouvel an, « l’imposteur qui voudrait faire croire qu’il aurait fait mieux s’il avait eu du peuple, un mandat qu’il n’a pas reçu ».
ire, le locataire de Koulouba menace de couper les 500 millions FCFA alloués au chef de file de l’opposition. Ce montant attribué au chef de file de l’opposition, est pourtant consacré par la loi n°2015-007/ du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique, pour son fonctionnement. « On donne de l’argent au chef de file de l’opposition, mais il n’arrête pas de nous insulter. On n’a pas 500 millions à jeter par la fenêtre. Ce que la loi a consacré peut être changé par la loi », a-t-il menacé.
Un chef de guerre avec des fantassins hésitants
Le chef suprême de l’armée a envoyé des mises en garde sévères à ceux ou celles qui s’assoient à Bamako pour vilipender les éléments des Fama. De telles pratiques, a-t-il prévenu, ne seront plus tolérées.
L’Etat, a insisté le Président de la République, va assumer ses prérogatives régaliennes dans un pays où le laisser-aller a pris le dessus sur tout et où la corruption et le népotisme ont fortement diminué la confiance des administrés en l’élite dirigeante.
Le timing choisi par le Chef de l’Etat est-il bon ? De telles actions de fermeté n’étaient-elles pas mieux en début de mandat où le chef de l’Etat disposait d’une grande popularité ? Le Chef de l’Etat est-il conscient de l’effritement du capital de sympathie dont il bénéficiait auprès de l’opinion ? Quid de l’équation des préparatifs de son second mandat ? Difficile de répondre à ces interrogations.
De l’avis de certains observateurs, le Président IBK apparaît comme un chef de guerre dont les fantassins hésitent ou ne veulent pas porter leurs tenues de combat. Le très probable Président candidat qui a procédé à une revue de ses troupes en recevant successivement, le 13 janvier dernier, les femmes et les jeunes du Rassemblement pour le Mali (RPM) et les ténors de la majorité présidentielle, marche sur des œufs.
BS
Le Challenger