Un important lot de kits hygiéniques lavables et réutilisables a été remis au groupe scolaire de Kati-Koko dans la ville de Kati. Lesdits kits sont destinés aux jeunes filles élèves pour la gestion de leurs périodes menstruelles. C’était le 28 mai 2023, à l’occasion de la journée internationale de l’hygiène menstruelle.
Célébrée sous le thème : « Nous nous engageons à mettre fin à la précarité et à la Stigmatisation des menstrues », cette journée visait à briser le tabou autour de la question liée à l’hygiène menstruelle chez les adolescentes.
À Kati, ce 28 mai 2023, en plus des élèves du complexe scolaire de Kati-Koko, plusieurs autres écoles se sont mobilisées pour la cause afin que les filles puissent avoir accès à des informations précises et saines sur la gestion menstruelle. Des jeunes filles, des mamans, des professeurs, tous se sont mobilisés pour cette journée mondiale de l’hygiène menstruelle.
A cette occasion, en plus de la sensibilisation, un important lot de kits hygiéniques a été remis à l’école par l’UNFPA pour les jeunes filles. « Nous avons remis trois cents kits de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables au niveau du groupe scolaire de Kati-Koko dans le cadre de la journée internationale de l’hygiène menstruelle qui est célébrée le 28 mai de chaque année », a ainsi expliqué Mme Margot Dupe de l’UNFPA. Selon elle, ces kits sont composés de deux serviettes hygiéniques lavables pour le jour, deux serviettes hygiéniques lavables pour la nuit ainsi qu’un savon et un guide d’utilisation. Ces kits sont utilisables pour trois ans.
Dans son discours, M. Kinane AG Gadega, secrétaire générale du ministère de l’Éducation nationale, estime que cette journée est une opportunité pour briser le silence. Il a surtout interpellé les mamans à s’impliquer dans la question en communiquant davantage avec les jeunes filles sur le sujet. « Au Mali, la question de l’hygiène menstruelle demeure toujours un sujet tabou qui cache le problème de le santé menstruelle, de la promotion et d’e l’autonomisation des filles/femmes. La gestion de l’hygiène menstruelle en général dans les communautés, dans les familles, en particulier à l’école, demeure toujours un défi, surtout pour les élèves adolescentes, les enseignantes et, les acteurs de l’eau potable, hygiène et assainissement », a-t-il déclaré.
Le défi reste énorme…
Selon l’UNICEF, d’énormes défis restent à relever afin que les jeunes filles jouissent pleinement de leurs droits. Selon Andrea Berther, représentante adjointe de l’UNICEF au Mali, la menstruation affecte parfois la fréquentation scolaire des filles. Elle dira que la gestion de l’hygiène menstruelle des filles est un investissement dans leur avenir et dans le développement durable.
Dans son allocution, Mme Andrea a expliqué que selon une étude réalisée par l’UNICEF en 2019 sur l’hygiène menstruelle dans les cercles de Bandiagara et de Kati, il est révélé qu’environ quatre-vingt-dix pour cent (90%) des adolescentes ne changeaient pas leurs serviettes hygiéniques à l’école pendant les menstruations. « Une pratique susceptible de provoquer des risques d’infections, d’inconfort et de manque de concentration. A titre d’exemple, jusqu’à vingt pour cent (20%) des filles du cercle de Bandiagara ont affirmé avoir manqué un cours pendant leurs menstrues, soit à cause de la douleur ou pour des besoins de rechange de leurs serviettes hygiéniques », a-t-elle ajouté.
Selon elle, le faible taux d’accès aux infrastructures d’eau et d’assainissement explique en partie cet absentéisme des filles, car seulement trente pour cent (30%) des écoles du Mali disposent de latrines améliorées, séparées filles/garçons et soixante-dix pour cent (70%) de ces écoles ont un point d’eau amélioré nécessaire à la bonne gestion de l’hygiène menstruelle, selon le programme de suivi conjoint OMS/UNICEF (JMP 2021).
De même, la représentante du Parlement des Enfants, Mademoiselle Mariam Fenda Konaté, a interpellé l’État et ses partenaires à plus d’initiatives afin d’améliorer les services sanitaires dans les écoles. Aussi, selon elle, faut-il admettre que dans de nombreuses écoles, l’hygiène menstruelle est encore un sujet tabou, entouré de stigmatisation et d’ignorance surtout chez les enfants. « Les conséquences de cette situation sont nombreuses et alarmantes. Les filles sont souvent confrontées à des problèmes majeurs tels que l’absentéisme scolaire, la baisse de la confiance en soi, voire l’abandon scolaire. C’est une injustice dont nous devons prendre conscience et agir », a-t-elle dit.
Quant à l’Association malienne pour la Sauvegarde du Bien Être familial (AMASBIF), elle a appelé le gouvernement à respecter ces engagements dans le cadre du respect des droits des enfants et particulièrement ceux des jeunes filles en mettant en application les textes nationaux afin d’améliorer le service sanitaire dans les écoles pour que les jeunes filles puissent en bénéficier. Car, dira-t-elle, « ce sont des droits fondamentaux ».
Amadou Kodio
Source : Ziré