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Génocide rwandais: au premier jour du procès Simbikangwa, la défense attaque

Dessin représentant accusé Pascal Simbikangwa audience procès génocide rwandais Paris

Ce mardi 4 février 2014, l’ancien capitaine rwandais Pascal Simbikangwa a comparu devant la cour d’assises de Paris, pour le tout premier procès en France lié au génocide, vingt ans après les massacres perpétrés au Rwanda en 1994. Au sein de la population rwandaise pourtant, le procès de Pascal Simbikangwa, à quelque 6 000 kilomètres de là ne semble pas déchaîner les passions.

Au motif qu’à Mayotte, en prison, leur client a été traité « comme un chien » ; au motif qu’à Paris, il n’a pas eu accès à son dossier ; au motif qu’ils n’ont eux-mêmes pas pu se rendre au Rwanda pour trouver des témoignages favorables à la défense, les avocats de Pascal Simbikangwa ont sorti l’artillerie lourde pour attaquer le procès ce mardi 4 février.

Objectif : demander en vain l’annulation de toute la procédure. Les deux défenseurs de M. Simbikangwa font valoir qu’ils ne se partagent que 9 000 euros au titre de l’aide juridictionnelle, alors que les parties civiles ont à leurs yeux beaucoup plus de moyens. Ils ajoutent que ces parties civiles, composées uniquement d’ONG, se comportent comme des procureurs.

Cette situation est inéquitable, plaident-ils. Mais l’avocat général voit en revanche « une posture » dans leur argumentaire. « Il est tard pour se plaindre », martèle-t-il, ajoutant qu’il aurait fallu user des voies de recours à la clôture de l’instruction. Et les parties civiles de conclure : « Nous souhaitons de tout cœur que votre client soit condamné au terme d’un procès équitable. »

Réclamer l’annulation de la procédure au premier jour du procès ? Un coup d’épée dans l’eau pour la défense, donc. Mais à la cour d’assises de Paris, ce mardi, les défenseurs de M. Simbikangwa viennent de prouver qu’ils étaient prêts à montrer les dents.

Cette affaire judiciaire inédite aura également de fortes implications politiques puisque les relations franco-rwandaises sont très compliquées depuis les événements de 1994. Kigali, dont les relations avec Paris se sont un peu réchauffées ces dernières années, a qualifié l’ouverture de ce procès historique de « bon signe », même tardif.

Johnston Busingye, ministre rwandais de la Justice

Faire passer Pascal Simbikangwa devant la justice est une bonne chose.

Un procès qui ne déchaîne pas les passions au Rwanda

Au sein de la population rwandaise, le procès de Pascal Simbikangwa, à quelque 6 000 kilomètres de là ne semble pas déchaîner les passions, son souvenir reste cependant très présent dans le souvenir des rescapés. Même si la télévision nationale a dépêché des journalistes à Paris, on trouve assez peu de choses dans la presse rwandaise au sujet du procès de Pascal Simbikangwa.

Souvenir

Dans la rue, à Kigali, rares sont les membres de la jeune génération à connaître le nom de l’ancien capitaine de l’armée rwandaise. Son souvenir reste cependant très présent dans l’esprit des Rwandais plus âgés. André Gakwaya, 59 ans, journaliste à Kigali, exerçait déjà cette profession au début des années 1990, lorsque Pascal Simbikangwa était membre des services de renseignements : « Il avait la réputation d’un tortionnaire qui poursuivait des Tutsis. Avoir attendu 20 ans, ça fait mal pour les victimes. Donc, ils espèrent que maintenant les choses vont être tirées au clair ».

Soulagement

Et pour les rescapés, le fait qu’après vingt ans les choses commencent à bouger en France est un soulagement, comme l’explique cette fonctionnaire de 39 ans qui a perdu plusieurs membres de sa famille pendant le génocide : « C’est bien parce que, avant on pensait que la France n’était pas de notre côté, c’est-à-dire du côté des rescapés du génocide. Il faut féliciter la France ». Le procès de Pascal Simbikangwa doit se poursuivre jusqu’à la mi-mars 2014.

 

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