a cour martiale a condamné lundi huit militaires gambiens à des peines allant jusqu’à neuf ans de prison, pour trahison et mutinerie contre le président Adama Barrow. Deux anciens généraux de l’ex-chef de l’État Yahya Jammeh ont également été acquittés au cour d’un autre procès tenu le même jour.
Sur 12 militaires détenus et inculpés depuis 2017, la cour martiale de Yundum, à 25 km de Banjul, en a acquitté quatre et reconnu coupables les huit autres la semaine dernière, avant de prononcer les peines le 27 mai.
Le président de la cour martiale, le colonel Salifu Bojang, a lu les noms des sept condamnés à neuf ans de prison et de leur camarade condamné à une peine de trois ans, tous étant « radiés avec indignité des forces armées ». Il a également indiqué que les condamnés avaient comploté l’arrestation de ministres et de responsables de l’armée et créé un groupe WhatsApp pour planifier des attaques contre la force de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans la région d’origine de Yahya Jammeh.
Deux généraux acquittés
En revanche, les généraux Ansumana Tamba, ancien commandant de la garde présidentielle, et Umpa Mendy, ex-responsable de la protection rapprochée de Yahya Jammeh, ont été acquittés, lors d’un autre procès en cour martiale tenu le même jour. Ces généraux de l’ex-président l’avaient suivi en exil en janvier 2017, avant de rentrer en Gambie en janvier 2018. Ils avaient alors été accusés de désertion.
Les deux généraux avaient été arrêtés chacun à son domicile, après avoir pu quitter l’aéroport sans être inquiétés. Peu après cet incident, le président Barrow l’avait qualifié de « sonnette d’alarme », affirmant que celui-ci avait abouti à la suspension de responsables des services d’immigration.
Commission vérité et réconciliation
En mars, une commission présidée par un juriste, Surahata Semega Janneh, a remis un rapport de 1 600 pages accusant Yahya Jammeh d’avoir détourné quelque 360 millions de dollars en vingt-deux ans de pouvoir. Mais une enquête publiée le même mois par le consortium de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) estimait ce montant à près d’un milliard de dollars.
Par ailleurs, la Commission vérité et réconciliation (TRRC), qui enquête sur les crimes présumés du régime Jammeh, doit entamer le 10 juin sa cinquième session d’auditions. Instituée par une loi en décembre 2017, la commission dispose de pouvoirs d’enquête et pourra, au terme de ses travaux dans deux ans, recommander des poursuites ou des réparations.
JA