Il ne reste plus que la nouvelle devise dont le nom et le symbole à définir d’une monnaie unique qui remplacera le franc CFA et sept autres monnaies nationales dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. L’objectif 2020 pour une monnaie unique a été maintenu au cours d’une réunion entre les Ministres des Finances et des Gouverneurs des Banques Centrales des États membres de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenu le lundi 17 juin dernier à Abidjan, en Côte-d’Ivoire.
L’inlassable lutte déclenchée par le Révolutionnaire béninois anti-Franc CFA, Kemi Séba, commence-t-elle à produire ses fruits ? En tout cas, cette décision salutaire des grands argentiers des quinze pays membres de la CEDEAO, réunis à Abidjan, lundi 17 juin dernier, réaffirmant l’objectif de lancer une monnaie unique en 2020, nonobstant les « défis »à relever pour ce projet évoqué depuis plus de trente ans en dit long. Une réunion qui, selon le Président de la Commission de la CEDEAO, l’Ivoirien Jean-Claude Brou, «marque un tournant important dans la mise en place de la monnaie unique»et au-delà d’une reconnaissance envers les pères fondateurs de la prestigieuse Institution sous-régionale a comme l’objectif ultime d’œuvrer à l’intégration monétaire. «Les Chefs d’État de la CEDEAO ont demandé d’accélérer ce chantier pour aboutir en 2020 à la monnaie unique. Il y a une volonté politique. La monnaie unique n’est plus une utopie technocratique», a enchainé le Ministre ivoirien de l’Économie et des Finances, Adama Koné.
Les difficultés à parcours
La France abandonnera-t-elle ainsi ses intérêts officieux sans mettre en place une autre politique de réception par la fenêtre ? Les États de l’Afrique de l’Ouest réuniront-ils le maximum de consensus au tour de la création de cette monnaie unique ? Quel sera le mécanisme de gestion du produit pour une relativité avec ceux des autres contrés du monde ? Les pays de CEDEAO réunissent-ils les convergences des économies, voire des complémentarités nécessaires pour soutenir le projet ?
Autant de questions qui taraudent l’esprit de plus d’un si l’on se rappelle qu’en ces moments où l’impérialisme tend à se faire sur place à travers la création et la gestion des crises dans le monde, créer une monnaie unique sera un frein probant contre le processus engagé. Ce, même si le Ministre ivoirien s’est limité à souligner les défis régionaux. «Le chemin restant à parcourir était parsemé de nombreux défis. Il reste à lever les obstacles pour la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes à l’intérieur de la CEDEAO », a-t-il dit.
Cette réunion qui avait pour but d’aboutir à un consensus au tour du «nom et le symbole de la future monnaie unique», selon toujours le Ministre Jean-Claude Brou, et, également, au « choix du Régime de change »et du « modèle de Banque Centrale »fera l’objet d’une mise au point globale lors du prochain sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO qui se tiendra à Abuja, le 29 juin prochain.
Sur cette base, pourrait-on dire sans risque de se tromper que l’initiative ‘‘Monnaie unique de la CEDEAO’’, un projet qui traine depuis plus d’une trentaine d’années tel un serpent de mer deviendra-t-il désormais effectif en remplaçant le franc CFA et sept autres devises nationales ?
Créée en 1975, la CEDEAO est la plus grande organisation des États de l’Afrique de l’Ouest qui groupe aujourd’hui quinze pays avec une population de plus de 300 millions de consommateurs, dont 180 millions, pour le seul État du Nigeria, poids lourd de la zone. « La France est l’un de ces pays qui, en émettant une monnaie pour 14 pays africains, empêche leur développement économique et contribue au fait que les Réfugiés partent de leurs pays et meurent ensuite en mer ou arrivent sur nos côtes », déclarait récemment le Vice Premier Ministre italien, M. Di Maio.
Seydou Konaté