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Foyers conjugaux : Un ring de boxe qui ne dit pas son nom

Encore une énième victime des violences conjugales sous le regard silencieux d’une société malienne qui a perdu tous ses repères d’approche et de remèdes. Mais comment sommes-nous arrivés jusqu’à ce niveau de bassesse ?

Le mariage pour le pire et pour le bonheur
Parler de mariage dans une société comme celle du Mali relève d’une forte sensibilité tant pour la jeune mariée que pour le jeune marié. En effet, on vit dans une société qui n’incarne plus ces valeurs traditionnelles, culturelles et coutumières qui faisaient sa forteresse et à travers lesquelles enfants, femmes, jeunes et vieux se ressourçaient pour mieux bâtir leurs responsabilités d’homme et de femme, de mari et d’épouses, de père et de mère voire de chef de famille et de gardienne du foyer. Au fil des années, nous avons muté et donnant accès à toutes sortes de corruption sociétale pouvant entacher nos valeurs. Avant, le mariage était conçu et murement réfléchi par les familles au nom de l’humanisme et des liens sacrés du sang, de l’amitié ou du voisinage sur la longue durée. Le mariage pour le pire et pour le bonheur portait là tout son sens, ce qui amenait la femme déjà bien éduquée à faire preuve de patience, de soumission et de respect vis-à-vis de son mari dans les bons et mauvais moments et à ce dernier de veiller à la protection des intégrités physique et morale de son épouse et à son épanouissement au sein du foyer. Au fil du temps, la société malienne s’est lancée dans un suivisme tendancieux sans agissement et laissant libre cours aux jeunes au point d’arriver à ce qu’on n’avait jamais imaginé qui puisse intervenir entre un mari et son épouse. Les violences conjugales connaissent aujourd’hui une grande ampleur et une ascension très fulgurante le tout couronné par un laxisme et une forte banalité qui prive le mariage de sa sacralité et de contenu valorisant l’expression «pour le pire et pour le
bonheur».
La désacralisation du mariage
Le mariage est sacré de par l’amour, le soutien, la confiance mutuelle, la protection et l’esprit de réciprocité qu’il promeut au sein du couple. Il est cependant malheureux de constater l’absence de ces valeurs chez les couples mariés en raison du manque d’information et d’éducation que la société a rejeté depuis maintenant des décennies. Avant, les conditions autour de l’union sacrée de deux personnes étaient minutieusement triées pour éviter tous désagréments mutuels, toutes sources de violence et de corruption tant pour le foyer mais aussi pour la société en passant par les familles du couple marié. Aujourd’hui, le constat sur ces conditions est amer car ni les familles, ni même les mariés n’ont que faire du renforcement des liens du mariage qui doivent obéir non seulement au principe de sacralité qui est l’essence même de l’acte, car elle est celle qui pousse la femme à l’obéissance et la soumission à son mari et à ce dernier honnêteté et fidélité à son épouse afin d’offrir un meilleur cadre familial à leur progéniture appelée à leur tour à juguler la corruption sociétale. Compte tenu de ces manquements, il est urgent qu’on jette un regard rétrospectif sur toutes ces valeurs qui faisaient le fort de nos liens sacrés du mariage pour pouvoir au moins espérer faire bloc à ce fléau de violences et de corruption conjugales.Le choc des irresponsabilités

Nous vivons aujourd’hui dans une société en pleine rupture avec les responsabilités en commençant tout d’abord par celle de cette dernière, ensuite celle des parents et des gardiens de nos coutumes et traditions. L’insistance et la rigueur ne sont plus de taille dans les choix de mariage et l’appartenance familiale n’est plus une question sur laquelle on insiste comme c’était le cas avant. Avant, quand une famille apprenait l’intérêt que l’autre portait sur une de ses filles, on faisait tout d’abord preuve de responsabilité c’est-à-dire en se donnant la peine de mieux chercher à connaitre les valeurs nourries par les membres de la famille intéressée.

Mais à notre époque, c’est le mercantilisme qui joue les premiers rôles et les moralités sociétales et religieuses ne comptent plus et c’est de là qu’on érige en toute irresponsabilité le ring de boxe pour les deux futurs mariés qui auront cherché à se connaitre bien avant que les deux familles ne soient impliquées. C’est ce qui me pousse à pointer du doigt la part de responsabilité les parents qui vont jusqu’à céder aux caprices et pire aux menaces de leurs enfants qui se jurent de s’octroyer tous les moyens pour pouvoir arriver à leurs fins. Il convient de mentionner l’absence de poids que les parents d’hier avaient dans certains choix que leurs enfants étaient amenés à prendre. Par ailleurs, il est important de rappeler aussi la démission des gardiens de nos coutumes et traditions qui, étaient les plus sollicités dans les démarches pour l’union de deux personnes afin qu’elle puisse porter ses fruits pour des bonheurs éternels et partagés.

La victimisation du futur chef de famille

On ne naît pas chef de famille, on l’apprend pour ensuite l’exercer avec beaucoup d’arts. J’ai souvent l’habitude de me dire qu’on a tellement misé sur l’éducation des jeunes filles au point d’oublier celle des jeunes garçons. C’est à la fille qu’on apprend tout dès le bas âge aux côtés d’un garçon totalement démuni et esseulé dans la nature. L’amalgame se situe au niveau de la réduction de la femme à certaines tâches et à certaines habitudes qui pourtant peuvent incomber également au jeune garçon pour un foyer bien épanoui dans la réciprocité. Et c’est depuis là qu’on donne vie à l’instinct de violence car on conduit un jeune garçon dans son foyer sans la moindre éducation en termes d’implication dans les tâches du foyer et qui pensera que la femme à qui on a tout appris demeure celle qui doit veiller à tout et même aux moindres détails sinon c’est des cris, des coups et blessures. Or, on pouvait les éviter si on avait inclus le garçon au même titre que la femme. Un homme qui n’a jamais nettoyé à titre d’exemples les chaussures de sa maman, qui n’a jamais fait le lit ou laver les toilettes dans sa famille, qui n’est jamais allé faire le marché, à qui on n’a pas appris la vaisselle et la lessive ne se gênera pas de violenter sa partenaire à chaque fois que celle-ci manquera à une de ces taches qu’il considère dans sa compréhension des choses. La solution pour apporter de la quiétude au sein des foyers serait de miser sur une bonne éducation et communication auprès des garçons et que leur implication dans les tâches soit de rigueur car un foyer se construit à deux et non par la force physique d’un mari ou d’une épouse. Que chacun puisse veiller à ses responsabilités et qu’on arrête d’être complices de ces malheurs qui entachent notre vivre ensemble.

Amadou O. WANE

Inter de Bamako

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