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Force du G5 Sahel: les clés du succès

Embouteillage sécuritaire ; articulation de son action avec des armées qui sont sur place depuis 2013 ; intégration dans un cadre plus large, doté d’objectifs politiques ; isolement des groupes jihadistes des communautés locales et des autres groupes armés, qui leur apportent actuellement du soutien ; appui et confiance des populations, tels sont les défis que devrait surmonter la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), visant au règlement des conflits armés sahéliens, à en croire International Crisis Group dans son rapport Afrique N° 258 du 12 décembre 2017.

Dix mois après son lancement, la Force conjointe du G5 Sahel composée du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad reste toujours au stade embryonnaire. À ce stade, elle s’appuie sur deux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, possède son propre quartier général à Sévaré et a effectué, début novembre, sa première mission aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Selon le rapport, cette force de 5 pays qui est importante pour remédier à l’inquiétante instabilité dont souffrent le Mali et plus largement le Sahel, reste à construire.
‘’Elle soulève de nombreuses questions sans réponses quant à son financement, sa capacité opérationnelle, la coopération politique entre ses cinq membres et sa place dans un espace sahélien où se bousculent des initiatives militaires et diplomatiques parfois concurrentes’’, fait-on savoir.
Dans un environnement où fourmillent des acteurs de divers horizons, l’ONG préconise quelques clés du succès de la Force conjointe du G5 Sahel.
Parmi elles, il y a, en grande partie, son positionnement et l’articulation de son action avec des armées qui sont sur place depuis 2013. En effet, explique-t-on, s’il est assez clair que l’opération française Barkhane servira de tuteur à la FC-G5S, sa collaboration avec la Minusma, à laquelle les États membres du G5 fournissent 35 % de ses effectifs, l’est beaucoup moins. Ce, d’autant plus que l’aide logistique que pourrait apporter la MINUSMA à la FC-G5S ne peut, par exemple, pas être régionale, car le mandat de stabilisation de cette mission concerne uniquement le Mali.
Selon l’ONG, le succès ou l’échec de la FC G5S dépend également de la capacité qu’auront ses promoteurs à l’intégrer dans un cadre plus large, doté d’objectifs politiques. Aussi, conseille-t-elle, les zones où agit la Force du G5 et si elle arrive à les pacifier, des espaces de négociation locaux doivent être rapidement ouverts et des canaux de communication avec certains chefs de groupes jihadistes, issus des terroirs sahéliens doivent être maintenus ou réactivés. ‘’La FC-G5S atteindra son objectif si elle parvient à isoler les groupes jihadistes des communautés locales et des autres groupes armés, qui leur apportent actuellement du soutien’’, affirme-t-on.
Autre clé du succès de la FC G5S, c’est l’appui et de la confiance de ses propres populations. Le rapport en fait un point essentiel, se référant aux pratiques jugées comme n’étant pas des cas d’école de la Force multinationale mixte (FMM), lancée par quatre pays (Cameroun, Niger, Nigéria et Tchad) et qui combat, depuis 2012, l’insurrection de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad : ‘’leurs droits doivent donc être strictement respectés. Les bavures et les exactions à leur encontre pousseront, à coup sûr, ces populations du côté de groupes jihadistes, habiles à offrir protection et promesse de vengeance. Dans ce domaine, la FMM est un exemple à ne pas suivre, car la brutalité de ses armées, en particulier celle du Nigéria, a poussé des milliers de citoyens, apeurés ou en colère, à rejoindre les rangs de Boko Haram’’.
Le rapport met en lumière une dimension diplomatique dont est tributaire la réussite de la mission du G5 et de sa Force. En cela, fait-on ressortir, elles devront gagner la confiance de l’Algérie et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et pour cause, argumente l’ONG, pour l’instant, ces deux puissances régionales lui préfèrent le processus de Nouakchott regroupant onze pays d’Afrique de l’Ouest, du Bassin du lac Tchad et du Maghreb et donc jugé plus inclusif.
‘’A leurs yeux, ce processus est aussi plus légitime, car initié par l’Union africaine. Faute d’une meilleure entente avec ces deux partenaires, la recherche de plus de cohésion régionale débouchera paradoxalement sur de nouvelles divisions entre voisins. De même, sa lente et difficile construction et les énergies qu’elle mobilise ne doivent pas faire oublier qu’un processus de paix est en cours et piétine au nord du Mali, et qu’il est à ce jour la seule solution politique à une crise qui avant d’être militaire est éminemment politique et sociale. En somme, la FC-G5S ne doit pas seulement être une façade qui cache une absence de vision politique’’, dit le rapport.
L’organisme producteur du rapport conseille aux promoteurs de la FC-G5S d’avoir à l’esprit que la construction de cette Force, et plus largement le règlement des crises sahéliennes, n’est pas uniquement une affaire d’armes et d’argent.

Par Bertin DAKOUO

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