Depuis plusieurs mois, le Bureau malien des droits d’auteur et le ministère de la culture entretiennent une sorte de chienlit dans la répartition de la somme destinée aux artistes. Une attitude qui sème la désolation chez les artistes qui attendent impatiemment le versement de leurs droits dus à l’exploitation de leurs œuvres musicales.
L’opérateur de téléphonie mobile, Orange Mali, dans le souci de s’acquitter de son devoir vis-à-vis des artistes dont elle exploite les œuvres, a passé un contrat avec eux. Elle a alors mis à la disposition du Bureau malien des droits d’auteur, un chèque d’un montant qui avoisine un milliard de nos francs, afin qu’il verse à chaque artiste ce qui lui revient de droit. En clair, cet argent est exclusivement destiné aux artistes dont les œuvres musicales sont exploitées par la société Organe Mali.
Parmi les bénéficiaires légitimes et légaux de cette somme, figurent à la fois des artistes maliens et étrangers. Rien d’étonnant, puisque les œuvres musicales de certains artistes étrangers sont exploitées par la société Orange Mali. Laquelle a voulu éviter toute équivoque en adjoignant à son chèque la liste des artistes bénéficiaires.
Mais, la directrice du Bureau malien des droits d’auteur et des responsables du ministère de la culture voudraient que cet argent soit uniquement donné aux artistes maliens. Il est logique qu’ils agissent pour préserver les droits des artistes maliens, dont le quotidien rime avec difficultés. Mais le hic dans cette histoire est qu’Orange Mali a consenti ces efforts pour s’acquitter de son devoir vis-à-vis des artistes dont elle exploite les œuvres musicales, et avec lesquels elle a passé des contrats. Le contexte est bien précis. Ce qui est loin d’être une aide ou un soutien aux artistes maliens.
Pourquoi, alors, la directrice du Bureau malien des droits d’auteur et certains responsables du ministère de la culture s’évertuent à en exclure les artistes étrangers ? Pourquoi le partage n’est-il toujours pas fait ? Qui bloque le processus ?
Des interrogations qui dérangent la directrice du Bureau malien des droits d’auteur. «Nous n’avons aucun commentaire à vous faire. Vous êtes libre d’écrire ce que vous voulez», se contente-t-elle de nous répondre, en nous refermant les portes de son bureau. Au ministère de la culture, même son de cloche, où nos différentes sollicitations sont restées vaines.
Heureusement que d’autres interlocuteurs se sont montrés un peu plus bavards. «Pour dire vrai, l’argent est destiné aux artistes maliens et étrangers qui ont des contrats avec Orange Mali. Mais, au cours d’une réunion au Bureau malien des droits d’auteur, les responsables ont décidé que l’argent soit partagé uniquement entre les artistes maliens. Et là aussi, ils tiendront compte uniquement des artistes qui ont un contrat avec Orange Mali. Pour les artistes, cet argent leur revient de droit parce qu’il vient d’une entreprise qui exerce sur le sol malien. Mais, pour dire vrai, cet argent est destiné aux artistes (qu’ils soient maliens ou étrangers) qui ont un contrat avec Orange», nous confie un artiste malien, sous le sceau de l’anonymat.
F. Doza
Source: La Lettre du Mali