C’est un drame qu’est en train de vivre Salimata Djiré, une veuve et son enfant. Des personnes, semble-t-il, mal intentionnées, sont en passe de leur déposséder leur maison, dans le quartier Kalaban Sud.
Salimata Djiré et son fils sont les héritiers d’une maison. La parcelle, située à Kalabancoura Sud, a été achetée par Modibo Traoré, époux de Salimata Djiré, le 25 avril 1996. Elle a été vendue par Hamadou Mamadou Cissé détenteur de la lettre d’attribution sur la parcelle, signée par le gouverneur Yaya Bagayogo, le 13 septembre 1990. N’ayant certainement pas pu mettre en valeur la parcelle, Hamadou Mamadou Cissé avait jugé nécessaire de la vendre, d’autant plus que le délai de mise en valeur de 3 ans était expiré et que toutes les constructions devraient être faites obligatoirement en matériaux durables, les réalisations en banco et matériaux non durables étant prohibés.
Modibo Traoré, l’époux de Salimata Djiré, acquis ainsi la parcelle sur la laquelle il parvient à faire des réalisations. Une maison en dur a été érigée jusqu’au niveau du dernier chaînage. Les travaux se sont alors arrêtés pour cause de maladie qui eût filament raison de M Traoré. Le bâtiment ainsi non achevé resta debout pendant plus d’une dizaine année, voire dix-sept ans, selon un habitant du quartier qui dit connaître le maçon dont M Traoré utilisait les compétences.
La semaine dernière, lorsque Salimata Djiré décida de visiter le chantier qu’elle ne fût sa surprise de constater qu’une personne a couvert le toit de la maison et entrepris des travaux secondaires pour en faire une maison à étage. Les maçons interpellés désignent un nommé Khalil Diallo comme propriétaire.
Interpellé à son tour, Khalil Diallo dit que le terrain lui appartient et qu’il l’a vendu à Koly Cissoko, un capitaine des forces armées et de sécurité qui serait le régisseur, c’est-à-dire celui qui paye les salaires des agents des Famas de Koulikoro. C’est ce dernier qui a entrepris les travaux de construction sur la maison.
Dans le voisinage, l’on est convaincu que ces personnes veulent déposséder une femme sans défense. Mme Djiré affirme, en effet, n’avoir aucun soutien dans ce combat contre des personnes sans foi. Lorsque l’affaire fut portée à la police du 11e arrondissement, l’inspecteur en chef avait déjà deux autres cas de litiges fonciers similaires, le même jour et dans le même quartier. C’est pourquoi, au commissariat, on a jugé utile d’ouvrir une enquête, convaincu qu’il pourrait s’agir d’un réseau d’escrocs qui opèrent à Kalabancoura.
Leur stratégie consisterait à identifier les maisons non achevées ou les parcelles non mises en valeur pendant des années et à se faire des documents avec probablement la complicité d’agents des domaines.
Quoi qu’il en soit, harcelé de prouver qu’il est vraiment propriétaire de la maison, Khalil dans un premier temps, affirme qu’il l’a payé avec le géomètre de M Traoré. Dans un second temps, il soutient l’avoir payé avec un lieutenant. Dans un troisième temps, il dit avoir payé la maison et l’a offerte gratuitement au capitaine Cissoko. Ce que dément ce dernier.Tout comme Mme Djiré dément les propos Khalil relatifs au géomètre de M. Traoré.
Certains propos et comportements de Khalil et de son compère de capitaine laissent à réfléchir. Tenez : lorsque Khalil a été interpellé pour la première fois, il a proposé deux lots quelque part à Kalaban Adeken à la veuve Mme Salimata Djiré. Aux dires de Khalil, Mme Djiré pourrait vendre un lot pour construire l’autre. Naturellement que Mme Djiré a refusé cette offre. « Quand je vois cette maison, je vois mon mari. Je ne peux pas l’ abandonner. Je veux cette maison », a t-elle dit.
Le capitaine, celui-là même qui devrait être le plus concerné, puisque c’est lui qui réalise les travaux, donc fait des investissements, ne s’est pas rendu à la police pour faire sa déposition. Il soutient détenir des documents, tout comme Mme Djiré, qui lui ont été délivrés par l’administration malienne. Un huissier a été commis pour à la requête des héritiers de feu Modibo Traoré. L’huissier a évalué les travaux réalisés par le capitaine et l’affaire est transmise à la justice.
(Affaire à suivre)
Denis Koné
Source: lesechos