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Flux financiers illicites : L’AFRIQUE FRANCOPHONE S’ORGANISE CONTRE LE FLEAU

billet argent franc cfa corruption orange money guichetNotre continent perd des ressources financières massives, environ 60 milliards de dollars (30.000 milliards de Fcfa) chaque année sous forme de flux financiers illicites provenant de trois sources : activités commerciales, activités criminelles et corruption. Ces ressources, si elles étaient retenues sur le continent, auraient pu être investies dans des secteurs productifs de son économie pour sauver la population croissante de l’Afrique du sous-développement et de la pauvreté.
Ce constat sombre est établi par le rapport du Groupe de haut niveau de la Commission économique africaine (CEA) de l’Union africaine sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique. Le document précise aussi que le continent a perdu environ 1000 milliards de dollars entre 1980 et 2008. Observant que la dépendance des économies africaines par rapport à l’extraction des ressources naturelles les rend particulièrement vulnérables aux flux financiers illicites, le Groupe révèle également l’apparition de nouvelles méthodes novatrices de génération de flux financiers illicites grâce à l’économie numérique et aux nouvelles technologies.
Devant cet état de fait, une action politique urgente pour arrêter l’hémorragie s’impose ainsi qu’une démarche unifiée des organisations travaillant sur le sujet. C’est pourquoi la Fondation TrustAfrica (TA), en collaboration avec l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique (IRPAD/Afrique) et le Réseau de développement et de communications des femmes africaines (FEMNET), organisent, depuis mercredi à Dakar, une rencontre pour le lancement de la campagne de l’Afrique francophone contre les flux financiers illicites. Cet événement suit le lancement officiel de la campagne continentale « Arrêtons l’hémorragie pour mettre fin aux flux financiers illicites en provenance d’Afrique », organisée les 24 et 25 juin derniers à Nairobi au Kenya par Tax justice network Africa (TJN-A), TrustAfrica (TA) et Third World Network Africa (TWN-A).
La cérémonie d’ouverture des travaux de Dakar était présidée par El Hadji Dialigué Bâ, conseiller technique au ministère sénégalais de l’Économie, des Finances et du Plan. Y ont participé Biggs Bomba, représentant de TrustAfrica Zimbabwe, Mme Fatoumata Djiré de FEMNET Mali, Mamadou Goïta, directeur exécutif de IPRAD-Afrique (Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique).
Cet atelier de deux jours, regroupe les représentants des syndicats, des jeunes, des organisations féminines, des journalistes et des universitaires. Il permettra aux participants de renforcer leurs connaissances sur les spécificités des finances et du développement en Afrique et les défis liés aux flux financiers illicites. Il s’attachera également à évaluer de manière critique les conclusions et recommandations du rapport du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en vue d’apporter une réponse africaine plus vigoureuse.
En initiant cette rencontre, les organisateurs entendent sensibiliser sur la menace sérieuse que représentent les flux financiers illicites pour le développement inclusif de l’Afrique. Dans son intervention, Biggs Bomba situera la question des flux financiers illicites au cœur du débat sur l’élaboration de la feuille de route du développement de l’Afrique conformément à l’Agenda 2063 de l’Union africaine et aux processus en cours tels que le financement du développement et les objectifs de développement durable post-2015.
Pour faire aboutir tous ces efforts qui concourent au développement du continent, des capacités adéquates, en particulier sur le plan politique, doivent être mises en place aux niveaux national et régional pour stopper les flux financiers illicites en provenance d’Afrique. Dialigué Ba a défini ces flux comme de « l’argent illégalement gagné, transféré ou utilisé ». La falsification des factures commerciales a été identifiée comme étant le principal mécanisme par lequel passent les flux financiers illicites liés aux activités commerciales. Il s’agit d’une pratique endémique de falsification des prix, de la quantité et de la qualité des importations ou des exportations afin de dissimuler ou d’accumuler de l’argent dans d’autres juridictions. De cette façon, les entreprises, surtout les multinationales, se soustraient aux impôts, évitent de s’acquitter des droits de douane, transfèrent des commissions occultes et font du blanchiment d’argent, a-t-il expliqué.
Au regard des enjeux en termes de sécurité des biens et des personnes et de financement du développement, la lutte contre les activités financières illicites mérite d’être considérée avec une attention particulière dans le cadre de l’adoption du nouvel agenda pour le développement durable, a jugé Dialigué Ba. Il a donc salué  l’initiative de Trust Africa qui s’efforce de construire un mouvement de plaidoyer efficace pour une gouvernance économique responsable afin d’endiguer les flux financiers illicites en provenance du continent.
Les assises de Dakar devront donc aboutir au lancement officiel de la campagne Afrique francophone « Arrêtons l’hémorragie pour mettre fin aux flux financiers illicites en provenance d’Afrique ». Cette campagne populaire est considérée comme un mouvement en faveur d’un changement de politique fondé sur des expériences africaines, impulsé par l’entregent des Africains et renforcé par des liens de solidarité en faveur de l’Afrique à l’échelle mondiale. La campagne élargit le débat sur les flux financiers illicites au-delà des spécialistes et s’emploie à mobiliser des personnes ordinaires et des groupes clés tels que les étudiants et les jeunes, les syndicats, les organisations féminines et les mouvements sociaux de base pour jouer un rôle clé de plaidoyer pour le changement.

Envoyée spéciale
C. DIALLO

source :Essor

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