Le Parlement européen ajoute la Tunisie à sa liste noire en matière de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme. Décision officielle prise le mercredi 7 février à Strasbourg.
Les parlementaires européens ont suivi les recommandations du GAFI (Groupe d’action financière), un organisme international de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il avait lancé l’alerte en novembre 2017. La Tunisie est classée comme pays à haut risque et non-coopératif. Sur cette liste, figurent des pays comme l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie ou le Yémen.
Le GAFI pointe, notamment, le manque de transparence qui touche les finances publiques tunisiennes. L’économie du pays est informelle à 50%, et près d’un quart des marchés publics sont jugés hors la loi. C’est un coup dur pour le pays, alors que Tunis veut lancer un emprunt auprès des investisseurs étrangers pour boucler son budget.
En novembre dernier, la Tunisie avait déjà connu, en raison de son régime offshore, les affres d’une autre liste noire européenne, celle des paradis fiscaux. Après deux mois d’un intense lobbying, français notamment, le pays est sorti fin janvier, de cette liste des paradis fiscaux. Elle en intègre une autre, quelques jours plus tard.
Après cette décision, le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a demandé la révocation du directeur de la Banque centrale du pays.
Répercussions en Tunisie
Le pays est sous le choc après la décision de l’UE, décrite en Tunisie comme « dure et injuste ». Selon de nombreux observateurs, elle aura des répercussions immédiates sur l’économie tunisienne stagnante.
Des économistes considèrent que la diplomatie tunisienne est toujours à la traîne et que les responsables politiques n’ont pratiquement rien fait pour lutter contre le blanchiment d’argent. « On le méritait presque » écrit un éditorialiste, indiquant que les responsables politiques ont longtemps fermé les yeux sur ces pratiques.
Pour ces observateurs, cette décision aura un impact certain sur l’investissement alors que le pays s’apprête à emprunter sur les marchés internationaux pour boucler son budget et qu’il vient de sortir de la liste noire européenne des paradis fiscaux.
Autre répercussion immédiate à craindre, concernant le prêt de la Banque mondiale à la Tunisie. La troisième partie de ce prêt, 300 millions d’euros environ, devait tomber très prochainement et la Banque mondiale aurait d’ores et déjà retardé le versement au mois de juin prochain.
L’inquiétude de la répercussion d’une telle décision sur l’image de la Tunisie, au niveau politique et sécuritaire, en plus de l’économie, est générale. Face à cette situation, le gouvernement fait des promesses et s’engage à sortir de la liste noire à fin avril 2018.
RFI