Les responsables des faitières des filières bétail, viande et lait ont animé, le vendredi 8 mai, une conférence de presse pour faire le point sur l’application de l’accord signé avec le gouvernement en mars 2019. Les conférenciers ont dénoncé le non-respect des engagements pris par l’Etat et se disent déterminés à user de toutes les voies légales pour avoir gain de cause.
La conférence était animée par le président de la Fédération nationale des producteurs de lait, l’ancien député Aboubacar BAH ; le président de la commission de la filière bétail, viande et lait, Hamsourlaye DIALLO. C’était en présence de plusieurs membres de la Fédération.
En mars 2019, suite à un préavis de grève des faitières des filières bétail, viande et lait, plusieurs accords ont été signés avec l’implication de 11 ministères. Plus d’un an après, les acteurs desdites filières déplorent que le gouvernement n’ait pas honoré son engagement.
Les points d’accord sont entre autres : l’application stricte de la loi portant sur la charte pastorale et le décret sur la transhumance sur toute l’étendue du territoire malien ; faciliter l’acquisition des moyens de transport adéquat de la viande ; impliquer les acteurs de la filière bétail-viande et lait dans toutes les prises de décision les concernant ; créer la loi portant sur la criminalisation du vol de bétail ; donner des points de vente aux marchands de bétail dans toutes les communes de Bamako ; responsabiliser les filières bétail-viande et lait dans la gestion de la subvention de l’aliment bétail ; subventionner le vaccin de la fièvre aphteuse ; lutter contre le feu de brousse (criminalisé) ; faciliter la transformation, la consommation et la conservation du lait.
Aux dires du président de la commission, Amsourlaye DIALLO, plusieurs démarches ont été entreprises, mais aucun acte concret n’a été posé par les autorités. Il a exprimé sa désolation face au comportement des autorités vis-à-vis des éleveurs.
L’ancien député Aboubacar BAH a souligné que l’élevage est la banque des pays pauvres et que s’il meurt, le pays meurt. Il a informé que sur une subvention annoncée à hauteur de 10 milliards de FCFA au profit des éleveurs, la somme a été réduite à 3 milliards. « Le hic est que l’Etat nous a fait savoir que nous avons fait un dépassement de 4 milliards de FCFA. Ce qui fait 7 milliards au lieu de 3 milliards. Mais en réalité les éleveurs n’ont pas utilisé cet argent. Chaque année, ils prennent 1 milliards sur la subvention des éleveurs pour payer une dette que nous n’avons pas utilisée. Nous avons demandé de faire un audit pour savoir qui a pris les 4 milliards en notre nom, mais rien n’a été fait’ », a fustigé Aboubacar BAH.
Le président de la Fédération a déclaré que c’est un scandale que la viande consommée à Bamako vienne de la Côte d’Ivoire. Selon lui, avec la mauvaise politique des autorités, le cheptel malien migre en Côte d’Ivoire, ce qui fait des milliards de manques à gagner pour notre pays.
Le rapporteur de la commission, Ibrahima CISSE, a souligné que tout ce qui se dit à la télé comme soutien aux éleveurs n’est que de la poudre aux yeux. Selon lui, chaque année l’État change les fournisseurs qui les approvisionnent en aliments bétail. Selon lui, cela s’explique par le fait qu’il ne paye pas aux fournisseurs leurs dus.
Les éleveurs ont affirmé qu’ils resteront mobilisés jusqu’à la satisfaction totale de leurs doléances.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN