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Festival de Cannes 2021 : Un Palmarès qui fait débat

C’ est une grosse désillusion qu’inspire le sort réservé aux deux films africains qui étaient en compétition à ce 74ème Festival de Cannes tenu du 6 au 17 juillet 2021. Lingui, les liens sacrés”, du réalisateur Tchadien Mahamat-Saleh Haroun et “Haut et Fort”, du Marocain Nabil Ayouch qui avaient impressionné bien des observateurs, sont repartis bredouilles de cette grande messe du cinéma mondial.


Pourtant, la désignation comme président du jury de Spike Lee à cette édition 2021 avait soulevé bien de préjugés favorables à son endroit. Premier afro-américain à être honoré de cette distinction, on attendait beaucoup de lui. Mais, à l’arrivée, c’est un grand flop qui couronne sa prestation. L’on se demande, dans le milieu des cinéastes et des journalistes présents quelle mouche a bien pu le piquer, Spike Lee. Sa première bourde a été l’annonce de la Palme d’or au début de la cérémonie, ce qui ne se fait qu’en tout dernier lieu. Au delà de cette maladresse, il s’est permis en temps que président, accompagné de son jury, de récompenser des films dont la subtilité ne saute pas aux yeux, de l’avis des critiques dont les Français, Stéphane Dreyfus et Céline Rouden, peu tendres à l’égard de leurs compatriotes qui ont pourtant raflé la mise.

Ils estiment que le réalisateur français Leos Carax, récompensé du prix de la mise en scène pour “Annette”, noie son opéra rock dans un formalisme excessif qui finit par agacer. Ils sont tout aussi implacables à l’égard de la Française Julia Ducournau dont le film “Titane”, qui s’est vu décerner la Palme d’or, est jugé tout aussi pesant. Une réalisation qui, selon eux, porte bien son nom, du fait qu’à l’image du métal résistant et inoxydable souvent utilisé dans l’industrie, son long-métrage est un objet ouvragé pour festival : une série B habillée en smoking de film à thèse.
Deuxième réalisatrice à recevoir une Palme d’or, 28 ans après Jane Campion pour “La Leçon de Piano”, son film paré des atours d’une hyper modernité a séduit un jury qui n’a pas su affirmer un choix clair, estime-t-on.

” Titane est un film de genre violent et dérangeant. Ce lauréat va faire débat. Pour ceux qui aiment la provocation, ils sont servis”, décrypte la journaliste Nathalie Hayter. Dans ce film d’horreur, l’actrice principale, Alexia, vit avec une plaque de titane dans le crâne depuis un accident de voiture et entretient des relations charnelles avec…des véhicules de marque ! C’est une machine à tuer tout ce qui s’approche d’elle. Un film alourdi d’un dénouement d’horreur invraisemblable, affirme un critique.

Pour en revenir à notre chère Afrique, les observateurs avaient pourtant noté que ” Lingui, les liens sacrés” de Mahamat-Saleh Haroun avait ému Spike Lee. Ce qui les autorisait à penser que, le film pouvait possiblement récolter au moins un Prix du Jury. Ce zéro pointé à l’arrivée est une mauvaise récompense pour un cinéaste qui a fait preuve d’un sacré courage pour traiter de front deux tabous majeurs de la société tchadienne, à savoir l’avortement et l’excision.

Réalisateur, avant d’être ministre du Développement touristique de la culture et de l’Artisanat du Tchad de 2017 à 2018, Mahamat-Saleh Haroun a remporté le Prix du jury à Cannes en 2010 avec ” Un homme qui crie ” et a présenté “Grigri” en compétition en 2013.
Cependant, certains critiques affirment que “Lingui, les liens sacrés”, bien que d’une grande beauté visuelle, est mal servi par des acteurs non-professionnels à l’interprétation balbutiante.
Le cinéma africain remet donc l’ouvrage sur le métier en misant sur la prochaine édition pour décrocher, nous l’espérons, sa seconde Palme d’or après la haute performance de l’Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina en 1975 avec “Chronique des années de braise”.

Source : L’ESSOR

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