Ils sont nombreux à Bamako, les voyous qui se promènent à bord de véhicules de luxe pour blanchir les faux billets de banque qu’ils détiennent. Pour ce faire, ils ont leurs cibles privilégiées : les commerçants ambulants, les vendeuses de fruits et légumes installées au bord de la route.
Pourquoi ? Parce que ceux-ci ne possèdent pas de machine pour vérifier la fiabilité des billets et sont plutôt heureux d’écouler vite leurs produits.
Sidi Diaby, vendeur de cartes de recharge aux 30 m de Kalabancoura, raconte son calvaire : “En fin du mois de janvier 2019 vers 20 h deux hommes à bord d’un véhicule 4×4, se sont garés près de moi en me demandant une carte de recharge orange de 1000 F CFA. D’abord ils avaient pris le soin de me demander si j’avais la monnaie de 10 000 F CFA. Ils étaient très pressés, dès que je leur ai remis la monnaie, ils démarrèrent en trombe, ce geste ne me rassurait point. Mais comme je n’ai pas de machine pour vérifier je l’ai montré au boutiquier d’à-côté. Ce que je craignais est arrivé, c’était un faux billet de 10 000 FCFA”.
Mariam, vendeuse de fruits et légumes au marché de Daoudabougou, explique comment elle s’est débarrassée de son bourreau. “J’ai été victime de ces malhonnêtes à plusieurs reprises, le dernier en date, c’était le mardi passé. Vers 19 h, un homme en voiture me fait la commande de 1000 F CFA de bananes et 1000 F CFA d’orange et me donne un faux billet de 5000 F CFA. Le samedi encore un autre cette fois-ci en moto, comme mon mari en avait marre il m’a conseillé de vérifier tous les billets de 10 000 et de 5000 F CFA de tous les clients de la nuit. Quand je lui ai dit que je voudrais le vérifier chez le voisin boutiquier, il était réticent, prétextant qu’il était pressé. Je l’ai rassuré que je serais rapide. Contre toute attente à mon retour, il avait disparu, tout simplement parce qu’il savait qu’il m’avait remis un faux billet”.
Pour Boubacar Sow, vendeur de carte de recharge, il y a une stratégie pour les déjouer. “Une fois que je doute seulement de la fiabilité d’un billet, je prétexte le manque de monnaie et propose d’aller faire la monnaie chez le boutiquier. Sachant que la plupart des boutiquiers possèdent des machines, ils se disent pressés, parce que la plupart de ces gens savent qu’ils ne sont pas propres. J’ai adopté cette stratégie à la suite d’une série d’escroqueries. Maintenant je suis moins exposé”.
Balla Soumaïla Traoré, stagiaire
L’Indicateur du Renouveau