Alors que les crimes perpétrés par la secte islamiste Boko Haram se multiplient, les pays d’Afrique de l’Ouest souhaitent demander à l’Union africaine la création d’une force armée régionale pour lutter contre l’insurrection des jihadistes.
Une représentante des Nations unies et le président de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont appelé, vendredi 16 janvier, à réagir contre les islamistes de Boko Haram, qui ravagent le nord-est du Nigeria depuis six ans et exportent leur combat vers les pays frontaliers. Les pays concernés souhaitent aller jusqu’à la création d’une force armée régionale.
“Nous ne pouvons rester là sans rien dire, à attendre les bras croisés que la communauté internationale intervienne, pas quand nos frères et nos sœurs sont massacrés et brûlés dans leurs maisons et dans les rues de leurs villes et leurs villages”, a martelé le président du Ghana, John Dramani Mahama, qui préside la Cédéao. “Pas quand nos filles sont toujours quelque part à attendre qu’on vienne les chercher pour les ramener à la maison. Et pas quand nous avons en nous et autour de nous le pouvoir et la faculté de nous battre.”
Le président ghanéen a ainsi fait pression pour qu’une réunion spéciale sur la menace terroriste en Afrique occidentale se tienne durant le prochain sommet de l’Union africaine, prévu du 23 au 31 janvier à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. John Dramani Mahama a déclaré, lors d’une réunion de l’organisation, qu’il espérait parvenir à “un plan d’action spécifique pour en finir avec le problème du terrorisme sur le continent” africain.
Et ce dernier d’affirmer qu’il demanderait à l’Union africaine l’autorisation de créer une force multinationale qui serait à ce jour la réponse la plus aboutie à des militants, qui ont tué des milliers de personnes l’an dernier au Nigeria et ont commencé à lancer des attaques au Niger et au Cameroun.
Prendre “des mesures pour s’assurer que tout cela cesse”
Les déclarations du président du Ghana font écho aux propos de la sous-secrétaire générale de l’ONU, Leila Zerrougui, même si celle-ci ne s’avance pas sur la création d’une force armée multinationale.
“Nous voyons Boko Haram se déplacer vers les pays voisins”, avait déclaré peu avant à Abuja la représentante spéciale pour les enfants et les conflits, avant d’ajouter : “Cela nécessite une réponse régionale. […] Il est donc extrêmement important que la communauté internationale, les pays voisins et le gouvernement du Nigeria prennent des mesures pour s’assurer que tout cela cesse”, avait poursuivi la responsable.
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Boko Haram contrôle désormais la quasi-totalité de la région frontalière nigériane (le nord-est) où se rejoignent Niger, Tchad et Cameroun. L’armée tchadienne a fait mouvement, vendredi, vers le Cameroun voisin pour livrer bataille aux islamistes armés, accusés par Amnesty International, Washington et Paris de “crimes contre l’humanité” après une série d’attaques meurtrières au Nigeria.
Toutefois, Leila Zerrougui, qui s’exprimait après avoir visité des camps de déplacés à Yola, dans le nord-est du Nigeria où sévit Boko Haram, a indiqué que la lutte contre la secte islamiste devait venir “en tout premier lieu du Nigeria, dans la mesure de ses capacités”.
Quant à l’assistance internationale, a-t-elle diplomatiquement ajouté, “ce n’est pas à moi de décider. Si le Nigeria pense qu’il peut se débrouiller seul, il se débrouillera seul. S’il a besoin de soutien extérieur, il sollicitera ses partenaires.”
La France prête à contribuer à la coordination d’une force militaire
La mise sur pied d’une force placée sous l’égide de l’Union africaine devrait prendre plusieurs mois, a précisé à Reuters John Dramani Mahama, notant que des questions clés comme son commandement, sa localisation et son financement n’avaient pas encore été tranchées.
Une fois l’entité opérationnelle créée, l’UA devrait demander un mandat auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour la prendre en charge, comme cela s’est fait dans la région du Darfour, au Soudan, a ajouté le président ghanéen.
Jeudi, le président camerounais Paul Biya avait déclaré que le Tchad enverrait un important contingent militaire au Cameroun pour l’aider à lutter contre les incursions de plus en plus fréquentes des jihadistes de Boko Haram.
L’attaque de Baga, au nord-est du Nigeria, au début du mois, où 2 000 personnes auraient été tuées, a conduit certains à appeler à un soutien international pour contenir l’insurrection de Boko Haram. Le groupe a étendu sa présence à certains secteurs du Niger, de l’extrême nord du Cameroun et du sud du Tchad.
S’ils veulent espérer venir à bout de ces jihadistes, les quatre pays d’Afrique les plus menacés par les islamistes nigérians de Boko Haram devront mettre de côté leur méfiance réciproque et s’entendre sur une structure de commandement et une stratégie communes pour une force régionale, a souligné mercredi un responsable des Nations unies.
De son côté, la France s’est dit prête, il y a un mois, à contribuer à la coordination d’une force militaire régionale en Afrique de l’Ouest afin de lutter contre les islamistes de Boko Haram.
Avec AFP et Reuters