La Direction Nationale de l’Energie, dans le cadre de la sensibilisation sur la politique régionale sur l’efficacité énergétique, a organisé une réunion au cours de laquelle, l’accent a été mis sur la vulgarisation des énergies renouvelables tout en maitrisant la consommation en électricité domestique. La rencontre qui a regroupé les représentants de la Direction Nationale de l’Energie et ceux du Centre Régional pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité énergétique, a eu lieu au Campus de l’ex Cres de Badalabougou, le jeudi 20 mars dernier.
Pour contribuer au développement durable de l’Afrique de l’ouest en améliorant l’accès aux services énergétiques modernes, fiables et abordables, et pour assurer la sécurité énergétique et la réduction de l’énergie négative liée à la pollution locale et aux émissions des gaz à effet de serre, la CEDEAO a mis en place une Agence spécialisée. Il s’agit du Centre Régional pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité énergétique (CEREEC).
Dans le cadre d’un accord contractuel, cette Agence entend appuyer le Centre National de l’Energie Solaire et des Energies Renouvelables (CNESOLER) à travers le projet Soutien à « l’accès à l’efficacité énergétique en Afrique de l’ouest », cofinancé par l’Union Européenne. Un projet qui comporte trois volets que sont : la lutte contre les obstacles institutionnels à l’efficacité énergétique, la sensibilisation des professionnels de l’énergie et les utilisateurs sur les avantages de l’efficacité énergétique et la création de l’expertise technique nécessaire pour mettre en œuvre les mesures d’efficacité énergétique.
Au cours de la réunion, des prévisions ont été fixées pour l’ensemble des pays de l’UEMOA dont cinq initiatives prioritaires. Il s’agit d’éliminer les lampes à incandescences d’ici 2020, réduire les pertes de la distribution d’électricité à moins de 10%, réaliser l’accès universel à la cuisson saine, propre, abordable, efficace et durable d’ici 2030, mettre en place un comité technique de la CEDEAO pour les normes et d’étiquetage d’efficacité énergétique d’ici fin 2014 et de créer des instruments de financement de l’énergie durable, y compris la finance carbone.
Il a été décidé que tous les pays doivent commencer la mise en œuvre d’au moins une des initiatives prioritaires d’ici 2015, d’appliquer des mesures pour libérer 2000 MW de capacité de production d’électricité et, à long terme, d’atteindre plus du double de l’amélioration annuelle de l’efficacité énergétique, de manière à atteindre des niveaux comparables à ceux des leaders mondiaux. Cela signifie, que chaque année, la quantité d’énergie nécessaire pour produire une certaine quantité de biens et de services diminuerait d’environ 4%.
La stratégie de la politique régionale sur l’efficacité énergétique a également été exposée. Elle se fera grâce à un soutien régional aux efforts nationaux et 6sera axée sur la politique, le renforcement des capacités, la sensibilisation et le financement. Elle sera mise en place en quatre points. Le premier point consiste à appliquer une politique harmonisée, avec un cadre juridique et règlementaire en matière d’efficacité énergétique pour la région de la CEDEAO, y compris ses normes et étiquettes. Le deuxième, c’est de mettre en œuvre une coordination régionale de renforcement des capacités pour créer les compétences institutionnelles et humaines nécessaires à la mise en œuvre de technologies énergétiques efficaces. Ensuite, il faudra sensibiliser des consommateurs d’énergie et les décideurs dans la conception, l’achat et l’entretien des équipements consommateurs d’énergie, de la cuisson simple aux systèmes industriels complexes. Enfin, quatrième point, il s’agira d’employer les instruments financiers pour permettre aux utilisateurs de payer les équipements économes en énergie grâce à des futures économies d’énergies.
Efficacité énergétique au Mali
La consommation énergétique nationale est très faible, inférieure à 0,2 tonnes équivalents pétrole/an/habitant. Cela pourrait, à première vue laisser penser que la question de l’efficacité énergétique et des économies d’énergie n’a pas sa place dans le pays. Or cette question est en réalité centrale, en raison de plusieurs points. Le Mali, pays enclavé ne produisant pas de pétrole, doit importer à des prix élevés les hydrocarbures. De plus, entre l’offre et la demande, il ya une inadéquation, notamment électrique. La demande est toujours croissante, en raison notamment de l’augmentation du taux d’accès des ménages aux installations EDM, alors que l’offre est limitée à cause de la faible capacité de production des installations énergétiques électriques existantes.
EDM S.A doit compenser en partie ce déficit de production via des centrales thermiques qui renchérissent le coût de l’électricité. En outre, l’énergie produite dans notre pays est particulièrement chère et constitue donc une fraction importante du budget des ménages maliens, notamment depuis l’augmentation récente des prix du KWh.
La question de l’amélioration de l’efficacité énergétique au Mali se situe également dans une problématique plus large, celle de la lutte contre le changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre du Mali sont bien évidemment négligeables à l’échelle mondiale, mais le fait que la plupart de l’énergie consommée provienne de la biomasse, et notamment du bois de chauffe, elles entraînent une forte diminution de la densité végétale sur tout le territoire malien et contribue ainsi à la désertification du pays, avec toutes les conséquences environnementales et sociales qui en découlent.
Système énergétique en Afrique de l’ouest
Le système énergétique de l’Afrique de l’ouest est confronté à de graves défis interdépendants de l’accès de l’énergie, la sécurité énergétique et l’adaptation et d’atténuation au changement climatique. En outre, au cours de ces dernières années, la région de la CEDEAO a connu une crise énergétique qui entrave le développement économique et social, et affecte en particulier les groupes de population à faible revenu. Le CEREEC et les agences énergétiques nationales œuvrent pour que la consommation électrique soit bon marché mais aussi écologique.
Hamidou Youssouf Touré