La recherche de la vérité dans l’affaire dite « 49 mercenaires » ivoiriens arrêtés le dimanche 10 juillet à l’aéroport de Modibo Keita de Sénou pour n’avoir pas accompli les formalités nécessaires ne doit pas remettre en cause les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Deux États voisins unis par l’histoire, la culture, la religion et liés par l’économie. Certes, les enjeux sont importants, mais la raison commande que cette crise soit gérée de manière diplomatique, même si la Côte d’Ivoire semble tomber dans le piège de la légèreté en envoyant ses militaires sur un territoire étranger en dehors des dispositions réglementaires en vigueur.
Entre les deux pays, les relations sont devenues fébriles depuis le sommet du 9 janvier 2022 après le sommet de la CEDEAO qui a imposé l’embargo sur le Mali. Si la levée de ces sanctions économiques et financières, le 3 juillet dernier à Accra, a apporté un peu d’accalmie dans les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, celle-ci risque d’être de courte durée avec l’arrestation des soldats ivoiriens par la Transition malienne qui les considère comme des mercenaires à défaut d’ordre de mission clair et précis.
Si pour les autorités maliennes, ces soldats mis au gnouf et qui seront jugés conformément aux textes de l’Union africaine pour crime de mercenariat, le Conseil national de sécurité de la Côte d’Ivoire dément les informations du gouvernement malien en affirmant que ces soldats ont été injustement arrêtés. Par conséquent, le pays du président Alassane Dramane OUATTARA demande leur libération « sans délai » alors que les Nations unies précisent que l’opération des soldats ivoiriens ne s’inscrit pas dans le cadre de leur Mission au Mali.
Autant de zones d’ombre dans cette affaire dont la gestion doit prendre en compte les intérêts supérieurs de nos deux peuples. L’enjeu de cette affaire ne doit nullement affecter les relations de bonne collaboration entre les deux peuples qui, durant des siècles, ont tissé des liens de travail, d’alliance à travers le mariage, les échanges commerciaux, etc. De part et d’autre des deux frontières, c’est le brassage socioculturel qui prévaut entre Maliens et Ivoiriens, sans que personne ne renonce à sa nationalité.
Dans tous les cas, les États ne sont pas obligés de partager les mêmes avis pour tisser de bonnes relations. La preuve, malgré la différence idéologique entre Modibo Keita et Houphouët Boigny, le Mali et la Côte d’Ivoire ont pu créer des liens d’amitié qui ont préservé, jusque-là, l’intérêt des deux peuples.
C’est également cet exemple que les autorités ivoiriennes et maliennes doivent suivre en prônant la désescalade et en encourageant la fraternité.
En d’autres termes, une mauvaise gestion de cette affaire pourrait avoir des conséquences fâcheuses le long des 532 km de ligne de frontalière que partagent les deux pays, où les populations qui y vivent aspirent à la stabilité, à la quiétude dans une région déjà fragilisée par l’insécurité, le changement climatique, la crise économique mondiale.
Outre la population, les sanctions économiques et financières ont montré ô combien ces deux États étaient liés. Parce que si la Côte d’Ivoire est la 1ere puissance économique de l’UEMOA, c’est en partie grâce à l’apport du Mali qui est son premier client.
Durant les 6 mois de l’embargo, les Ivoiriens ont constaté des trous dans leur trésorerie, quant au Mali qui dépend de certains produits made in Côte d’Ivoire, c’était la cherté de la vie à cause de la rareté de ces produits.
Que les autorités maliennes et ivoiriennes ne rajoutent pas davantage à la crise politique qui couve déjà. C’est pourquoi la prudence doit prévaloir sur la démesure dans la recherche de solution de ce problème.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin