Dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 octobre dernier, neuf prisonniers précédemment en détention au camp I de gendarmerie de Darsalam se sont fait la belle. Dès le mercredi qui a suivi, le conseil des ministres a limogé le colonel major Mody Berethé, jusqu’alors directeur général de la Gendarmerie nationale. Il a entrainé dans sa chute, l’inspecteur général de police Hamidou Kansaye, directeur général de la police. Des observateurs y voient une relation de cause à effet.
Le camp 1 de la gendarmerie nationale sis à Darsalam en Commune III du district de Bamako est réputé être l’un des lieux le plus sécurisé du district, encastré entre la colline de Koulouba et des bureaux de gendarmerie gardés de jour comme de nuit. Rien qu’à l’idée d’avoir une affaire au sein de cet établissement, le citoyen moyen commence à se faire du souci car, ici ça ne blague pas. Y a-t-il déjà eu évasion de détenu au camp I ? Ce n’est pas évident en raison de l’omniprésence des geôliers armés jusqu’aux dents. Il y avait peut être un Michael Scofield ‘’acteur principal d’une série américaine dénommée Prison Break, spécialiste de l’évasion des prisons’’ parmi les fugitifs.
Autrement comment ont-ils pu passer derrière les grilles de cette prison ultra sécurisée ? Selon toute vraisemblance, ils ont bénéficié des arrangements de certains geôliers. Cette nuit-là aux environs de 3 heures du matin, neuf prisonniers dont quatre militaires poursuivis et placés sous mandat de dépôt pour tentative de coup d’Etat contre le pouvoir en place, quatre autres poursuivis pour assassinat et vol et un civil ont mis à exécution leur plan d’évasion.
Tout est allé si vite. Selon des sources, les neuf ex bagnards auraient bénéficié d’un appui extérieur qui leur a permis d’avoir une barre de fer pour forcer le cadenas de leur cellule et obtenir une arme à feu avec laquelle ils ont tenu en respect un des geôliers avant de braquer la sentinelle en faction à l’entrée principale du camp. Ensuite, ils ont braqué deux véhicules appartenant aux gendarmes Salif Mallé, chef d’escadron et l’adjudant Mohamed Sangaré, puis un motocycliste du nom d’Abdoulaye Brahima Sangaré, enseignant de profession pour prendre la poudre d’escampette. Spectaculaire évasion n’est- ce pas ? Sur le champ, une enquête est ouverte pour élucider leur modus operandis et procéder aux interpellations des complices. Les gardiens de prison, premiers suspects sont interrogés par les services de sécurité en charge de l’enquête. Les évadés au nombre de neuf sont identifiés.
Il s’agit : de deux proches du général Amadou Haya Sanogo, à savoir les capitaines Mamadou Alassane Maïga, un ancien élément de la Direction centrale des services de transmission des armées et Yacouba Kodio, ex instructeur à l’Ecole militaire interarmes (EMIA) de Koulikoro, deux soldats de première classe, Rubin Diarra poursuivi pour assassinat et Monzon Thiénou pour vol qualifié, deux soldats de deuxième 2e classe, Nouhoum Djibo poursuivi pour vol de moto et Sékouba Traoré pour assassinat, deux policiers, Souleymane Doukara, élève inspecteur et le sergent-chef Thierry Diarra poursuivis et mis sous mandat de dépôt par le juge d’instruction pour tentative de coup d’Etat contre le pouvoir en place.
Le 9ème et seul civil est Boubacar Touré, un récidiviste qui était déjà poursuivi pour évasion au commissariat de police du 13ème arrondissement. Le nouveau ministre de la sécurité intérieure, le colonel-major Salif Traoré a fait relever en conseil de ministres, les DG de la gendarmerie et de la police nationale. Un important dispositif militaire et policier est déployé pour retrouver les fugitifs dangereux dont l’un a été appréhendé à Diema et un véhicule braqué retrouvé. Dénoncez-les au plus vite aux autorités compétentes. Aider les forces de l’ordre, c’est s’aider soit même.
Dénis T Théra
Source: AUtre presse
