Après l’établissement d’une zone dite de sécurité autour de Kidal par la mission onusienne au Mali, les langues continuent de se délier. Si le gouvernement n’a pas clairement dénoncé cette mesure, il a mis en garde la MINUSMA contre tout traitement inéquitable dans le cadre de sa mission. Bamako regrette, du reste, le fait d’avoir appris ladite mesure par voie de presse.
S’avance-t-on vers un nouveau climat glacial entre Bamako et la mission de l’ONU au Mali? Difficile de répondre, mais les deux parties ne voient pas du même œil les dernières évolutions sur le terrain, notamment la fameuse mesure sur l’établissement d’une zone de sécurité de 20 km autour de la ville de Kidal.
Pour la mission onusienne, cette mesure intervient dans le souci de protéger les populations civiles de la ville de Kidal des foudres des groupes armés. Du côté du gouvernement, on ne reproche pas à la mission de l’ONU de protéger les civils, mais de tenir aussi compte de toutes les populations exposées au châtiment des armes dans le nord du pays. « Le gouvernement exhorte la MINUSMA à rester dans son rôle de protéger toutes les populations, dans toutes les zones exposées, à l’instar de Kidal, aux mêmes risques d’insécurité « , a-t-il indiqué dans un communiqué. En d’autres termes, ce n’est pas la seule ville de Kidal qui est dans le besoin de la protection onusienne.
Bamako prévient, par ailleurs, de « tout traitement inéquitable » de la part de la MINUSMA qui vient d’entamer son troisième mandat au Mali. De l’avis des autorités maliennes, un parti pris de la part de la mission onusienne » produira des effets pervers nuisibles à la recherche de la paix et de la concorde « .
Cette position est défendue, plus tard, par Choguel Kokala Maïga, porte-parole du gouvernement. Selon lui, si une telle mesure est prise à Kidal, elle doit être prise partout où il y a des risques de violence qui pèsent sur les populations. » Donc, ce que le gouvernement demande, c’est que la même mesure qui est prise concernant Kidal soit prise consciencieusement dans toutes les zones où la même source d’insécurité pèse sur les populations « , a ajouté M. Maïga qui est également ministre de l’Economie numérique et de la Communication.
» Il n’est pas convenable que nous apprenions une décision de l’ONU par la presse «
Autre point que le gouvernement n’a pas du tout apprécié chez son ami onusien, c’est la décision unilatérale de la MINUSMA d’établir une zone de sécurité qui s’étend sur 20 km autour de Kidal.
En effet, selon Bamako, cette mesure a été l’œuvre de la seule mission onusienne alors qu’elle intervient quand même dans un pays souverain.
» A partir du moment où nous faisons la même lecture de la situation, nous nous attendions à ce que toutes les mesures que nous prenions soient prises ensemble « , a regretté, hier sur les ondes de nos confrères de Radio France internationale, le ministre de la Communication, ajoutant que ce n’était pas convenable que ce soit par la presse que le gouvernement malien apprenne une décision des Nations-Unies.Ce qui convient, dans cette histoire, c’est de rappeler qu’en janvier 2015, le même genre de mesure avait été initié par la MINUSMA. Celle-ci visait à faire de l’axe Anefis-Almoustrat une zone temporaire de sécurité (ZTS) de 10 km de chaque côté et avait provoqué la colère des populations, notamment celles de Gao où qui ont déferlé dans la rue. Résultat : trois civils désarmés tués par les casques bleus et d’autres blessés.