Les affrontements meurtriers (entre dix et vingt-deux morts selon les sources) du début de la semaine dans les environs de Kidal sont un avertissement. En premier lieu pour les parties principalement concernées par la crise politico-sécuritaire qui sévit dans le septentrion de notre pays depuis trois longues et douloureuses années que sont l’Etat du Mali, la CMA (ex-groupes rebelles kidalois) et la Plateforme (groupes d’autodéfense opposés à toute idée de partition).
Ceux-ci doivent assurément mettre en commun leurs intelligences, leurs volontés, leurs capacités pour sortir de l’enlisement et faire accomplir de formidables avancées aux discussions en cours (il serait plus juste d’évoquer un dialogue de sourds) pour donner corps à l’accord de paix qu’ils ont solennellement signé les 15 mai et 20 juin derniers.
Car tout surplace s’apparente à un suicide collectif.
Les narcoterroristes et autres aventuriers de tout poil en profitent pour multiplier les attaques dévastatrices, déstabiliser ce qui reste de l’Etat, frapper au cœur de sa capitale pour jeter le désarroi dans les esprits.
Entre anciens belligérants qui se regardent en chiens de faïence, le doigt posé sur la gâchette, épiant le moindre mouvement suspect chez l’autre, un incident anodin peut mettre le feu aux poudres et prendre une ampleur insoupçonnée.
Ce serait dommage si tant d’efforts, de sacrifices de tous ordres consentis par le Mali et la communauté internationale pour placer notre pays sur une trajectoire de paix venaient à être ruinés. Et que nos populations, du nord comme du sud, soient de nouveau plongées dans une spirale de violence aux conséquences incalculables.
C’est pourquoi, l’Etat malien ne semblant disposer d’autre ressource pour conjurer le péril que de communiqués radiotélévisés traduisant ses atermoiements et son impuissance, il appartient à l’ONU, maître d’œuvre de l’accord de paix, de s’impliquer avec la vigueur nécessaire pour d’abord stopper les hostilités, ensuite peser de tout son poids pour une mise en œuvre rapide des dispositions dudit accord.
Saouti L. HAIDARA
Source: L’Indépendant