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Et si la peur change de camp !

Ça y est : C’est le mercredi 29 juin dernier que le Conseil de sécurité de l’ONU a acté par la résolution 2295, le renouvellement du mandat de la Minusma. L’adoption de la résolution, qui n’était qu’une simple formalité, donne ainsi mandat à la mission onusienne de prendre une posture plus offensive et plus combattive de façon à lui permettre d’agir de manière proactive en cas de menaces asymétriques.

Visite du Représentant Spécial du Secrétaire General des Nations Unies M. Mahamat Annadif Saleh aux troupes du contingent Togolais de la MINUSMA à Mopti et Douentza, le 1er juin 2016.

Visite du Représentant Spécial du Secrétaire General des Nations Unies M. Mahamat Annadif Saleh aux troupes du contingent Togolais de la MINUSMA à Mopti et Douentza, le 1er juin 2016.

La Minusma opère ainsi une mue qui fera clairement d’elle une mission de lutte contre les terroristes et contrebandiers de tout acabit qui ont mis le septentrion malien sous coupe réglée. La France, avec son opération Barkhane, n’interviendrait qu’en soutien, en cas de menace grave et imminente. En tout cas, pour les autorités du pays et les responsables de la Minusma ainsi que des avis spécialistes des questions sécuritaires, il était temps que le Conseil de sécurité décide de cette posture.
D’abord, parce que le «bleu», l’insigne des casques des soldats onusiens, n’effrayait personne au Nord-Mali. Bien au contraire, ces casques bleus étaient devenus des cibles faciles et privilégiées pour les terroristes sans foi ni scrupules en quête de trophées sanglants pour alimenter leurs opérations de propagande outrancière. En renforçant le mandat de la Minusma, le Conseil de sécurité de l’ONU traduit clairement qu’elle a pris non seulement la mesure des enjeux sécuritaires dans le Nord-Mali face à la multiplication des attaques qui menaçaient de transformer le pays en un cimetière à ciel ouvert pour Casques bleus, mais aussi de la pression des pays contributeurs en troupes dont les amères complaintes face aux cortèges des cercueils arrivant dans leurs pays respectifs étaient de plus en plus assourdissantes. Et à dire vrai, pour mener à bien sa mission, la Minusma avait besoin de ce renforcement de son mandat car pour protéger les populations, il faut être déjà soi-même en vie. Du reste, être soldat de la paix ne signifie pas aller à l’abattoir. Il était donc plus qu’urgent que le mandat soit adapté à la réalité du terrain dans un contexte marqué par la résurgence de la violence et du retour tonitruant d’un Iyad Ag Ghali avec un discours des plus belliqueux à l’encontre des forces de la Minusma.
L’évolution de la situation sécuritaire en Libye avec le risque de rabattre plus au sud la cohorte résiduelle des illuminés de l’Etat Islamique commandait aussi cet aggiornamento.
Au regard de ces menaces qui constituent de véritables torpilles pour la paix et la stabilité de la sous-région, le Conseil de sécurité se devait même, d’après ces mêmes experts des questions sécuritaires, aller plus loin dans sa décision en permettant à la Minusma de traquer ouvertement des chefs terroristes qui rendent impossible le sommeil des populations. C’est véritablement à ce prix, ajoute-t-on, que le tigre de papier qu’était la Minusma en deviendrait un de vrai et contraindra pour de bon les terroristes à une vie de troglodytes.
Ensuite, parce que l’ONU elle-même est une vielle dame dont il faut renouveler les camisoles ; les missions traditionnelles de garantir le cessez-le-feu en servant de forces d’interposition ne valant plus grand-chose dans les guerres asymétriques, sans visage qu’imposent les terroristes aux différents Etats. Il était là également impératif que les mécanismes onusiens fassent aussi leur mue pour intégrer cette nouvelle donne. Des mécanismes qui doivent être suffisamment flexibles pour s’adapter à des situations en constante évolution et ce, dans un contexte où l’ONU elle-même est ouvertement dans le collimateur de nombreux groupes terroristes.
Faut-il rappeler, plus de 3 326 membres des opérations de paix de quelque 120 pays ont perdu la vie sous les drapeaux de l’ONU. Ce qui est clair, c’est qu’une chose est de renouveler et de renforcer le mandat de la MINUSMA, une autre chose est de lui fournir les moyens matériels, financiers et humains nécessaires à sa mission. Les effectifs sont revus à la hausse dans la nouvelle résolution ; de 2500 Casques bleus supplémentaires et les Etats membres sont invités à fournir plus d’efforts pour financer des moyens logistiques, comme les drones, les hélicoptères de combat et les blindés, mais aussi le renseignement. Dans un contexte où les premiers effectifs prévisionnels n’avaient pas été atteints et où les pays contributeurs se hâtaient lentement, il s’agit aujourd’hui dans un contexte de survie, de gagner le pari de la guerre contre le terrorisme, la barbarie et l’extrémisme violent.
Et l’ONU semble en avoir bien perçue cette nécessité en s’engageant aussi à gagner les cœurs et les esprits des populations locales, à travers des projets humanitaires à impact rapide comme la construction de puits ou l’installation de groupes électrogènes. Sans nul doute, avec l’effet conjugué du renforcement du mandat de la Minusma, du redéploiement futur des forces armées et de sécurité et de l’installation des autorités intérimaires, prévues courant août, les groupes terroristes auront compris que la situation ne serait plus comme avant, relativement à leur projet de déstabilisation planifié du pays.

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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