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Reprise de la coopération entre le Mali et les institutions de Breton Woods : Remise en cause de la souveraineté ou simplement changement de paradigme ?

Le premier ministre chef du gouvernement, après avoir affirmé Urbi et Orbi que le Mali a retrouvé sa souveraineté et qu’il pouvait se passer de l’aide extérieure, doit avoir l’audace, après être passé à la caisse de la banque mondiale et du FMI, de dire qu’il s’est trompé ou que son slogan souverainiste  était teinté de populisme et que la souveraineté n’est pas un discours. Il fait incontestablement partie de ceux qui ont induit le Colonel Assimi Goita en erreur. L’expérience qui est celle du premier ministre devrait lui permettre   de dire la vérité sur le fonctionnement du monde à un jeune Président sans aucune expérience dans la geste de l’Etat. Sinon il n y a aucune honte à solliciter ces deux institutions financières, à savoir le FMI et la Banque mondiale auxquelles le Mali est entièrement membre. Cette démarche ne saurait également remettre en cause la souveraineté d’un pays. Qu’il soit clair pour les vendeurs d’illusions et les chasseurs de strapontins que le monde marche sur deux pieds, à savoir l’économie et les finances et ceux qui ont fait des prouesses dans ces deux domaines sont les pays occidentaux que certains dirigeants maliens, par opportunisme ou par populisme, ne veulent pas entendre parler. Cette reprise de la coopération avec  les institutions de Breton Woods va-t-elle remettre en cause la souveraineté du pays ou  être le déclic dans les relations entre le Mali et l’occident ?

Le Ministre de l’économie et des finances Alousséni Sanou, à la tête d’une forte délégation, a participé aux réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI ; tenues du 15 au 20 Avril 2024. Ces deux réunions avaient pour but de redynamiser la coopération entre les Etats membres et ces institutions financières. Pour rappel le Mali n’avait pas participé à la session d’octobre tenue à Marrakech au Maroc, donc il fallait à tout prix participer à celle d’avril 2024 pour non seulement revitaliser notre coopération avec la Banque Mondiale et le FMI et profiter de l’occasion pour soumettre des projets d’une urgence absolue pour le Mali comme l’énergie. Attentifsé au cri de détresse du peuple malien et par souci de soulager un peuple en crise profonde, la Banque Mondiale et le FMI, ont accédé à la sollicitation du Mali pour financer des projets structurants allant dans le sens de la résolution des besoins urgents de la population malienne. La crise énergétique, qui est devenue un véritable caillou dans la chaussure des autorités, va connaitre un début de solution temporaire, car la Banque mondiale et le FMI vont mettre à la disposition du Mali des fonds permettant de donner du courant à la population.

Cette reprise de la coopération avec  les institutions de Breton Woods va-t-elle remettre en cause la souveraineté du pays ou  être le déclic dans les relations entre le Mali et l’occident ?

 La reprise de la coopération entre le Mali et les institutions de Breton Woods ne saurait être une remise en cause de la souveraineté du pays, elle est au contraire un changement de paradigme dans la gestion des affaires par les autorités. Qu’il soit même rappelé que la coopération n’a jamais   été rompue, elle a été mise en berne, quand les nouvelles autorités avaient le vent en poupe, sans jamais être rompue. En effet, la souveraineté tant scandée n’était en fait qu’un slogan politique pour empaumer le peuple afin qu’il adhère à la cause des autorités, sinon si par souveraineté on entend un peuple, un territoire et un pouvoir, le Mali est souverain depuis son accession à l’indépendance. Mais que l’on ne se voile pas la face une autorité ne sera totalement souveraine que lorsqu’elle est à mesure d’assurer un certain nombre de services à son peuple. L’énergie, la sécurité alimentaire, la monnaie, la défense du territoire, bref les services sociaux de base et une diplomatie active. Donc la subvention des projets par la banque mondiale et le FMI n’entachera nullement la souveraineté du Mali, elle est même un droit en tant qu’Etat membre de ces institutions.

En effet, la participation du Mali aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI serait probablement un déclic dans les relations très tendues entre le Mali et certains pays de l’occident pourtant principaux bailleurs de fonds du pays. Elle doit également être le top départ de la fin de notre isolement diplomatique et enfin elle serait une occasion pour les autorités de faire leur autocritique objective et une évaluation des différentes options jusque-là prises par le Mali. Pour rappel cette reprise de coopération ne sera nullement une remise en cause de la collaboration du Mali avec des partenaires comme la Russie, la Chine, la Turquie et l’Iran, bien au contraire elle est la nouvelle option prise par le Mali pour harmoniser ses relations avec tous les pays y compris la France.

Youssouf Sissoko          

L’Alternance

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