L’Association pour la Promotion du Sport et de Culture Scolaire et Universitaire (APS-CSU) a organisé un meeting, le dimanche 8 mai 2022, sur l’espace vert de Faladié Sema (en face de l’Hôtel Almounia), espace qui fait l’object d’un litige déplorable entre, d’une part, l’Eglise Protestante locale, membre de l’Eglie évangélique du Mali (EEPM), elle-même composante de l’Association des groupements des Eglises et Missions Protestante et Evagélique au Mali ( AGEMPEM) et, d’autre part, la communauté des jeunes de Faladié. Ce litige est consécutif à la décision de l’Église protestante locale de Faladié qui se proclame propriétaire de l’espace qu’elle aurait acheté à la SEMA, alors qu’à l’origine, comme indiqué ci-dessus, l’endroit était destiné à servir d’espace vert et à d’autres usages communautaires pour les populations riveraines.
Le but est de se dresser contre la décision de l’Église protestante locale, de récuper l’espace vert qu’elle aurait acheté à la SEMA. L’APS-CSU, avec à sa tête, Mme Konaté Mariam Sidibé, a été fortement soutenue lors dudit meeting par de nombreuses familles dont le chef de quartier de la localité et des jeunes, notamment des basketteurs venus des six communes du District de Bamako, pour dire non à la transformation de l’espace vert, qui selon les organsiateurs, depuis sa création, heberge les pratiquants de gymnastique, d’arts martiaux, de danse classique et moderne pour rester en forme, du basketball, du handball, attirant des centaines d’enfants, d’adolescents, de jeunes et d’adultes de plus de la trentaine. En somme, disent les protestataires dans leur déclaration, cet espace est devenu le poumon du quartier aujourd’hui et le symbole de toutes les retrouvailles comme les baptêmes, les mariages, les funérailles, etc.
Selon les organisateurs, l’espace communautaire de Faladié-SEMA, rue 841, a été conçu dès l’aménagement du site dans les années 1980 pour servir de lieu à vocation multiple, entre autres : espace vert, activités sportives et sociales… Cet espace, comme l’atteste le plan de lotissement des lieux, disent-ils, a servi, du reste, d’argument commercial déterminant pour convaincre bon nombre de propriétaires d’y acquérir un logement. Or, il n’est pas concevable, regrettent les contestatatires, sous aucun prétexte, que sa vocation originelle soit aujourd’hui changée à l’insu des riverains qui sont des contractants dont les droits ont été méconnus.
Depuis sa création, indiquent Mme Konaté et ses nombreux camarades, ce jardin public a toujours accueilli, chaque jour, en toutes saisons, des dizaines de jeunes, garçons et filles, qui y viennent pour jouer et se distraire. En 1995, rappelent les opposants, un habitant, dont la villa donne sur ce jardin, a réussi à obtenir auprès de la coopération française un financement d’un montant de 12 500 000 FCFA pour aménager le jardin avec des ornements floraux, des plantes grimpantes et autres essences arboricoles décoratives, et l’entourer de grillages protecteurs. « Des aires de jeux modulables y furent installées où se pratiquent gymnastique, arts martiaux, danse classique et moderne pour rester en forme, basket, handball attirant des centaines d’enfants, d’adolescents, de jeunes et d’adultes de plus de la trentaine. Cet espace est devenu le poumon du quartier et le symbole de toutes les retrouvailles », ont fait savoir les opossants. Or, déplorent-ils, il y a quelques semaines, les responsables de l’Église évangélique locale de Faladié ont entrepris d’élever un mur d’enceinte en béton pour clôturer l’espace et interdire ainsi son accès. « Les riverains, avec les jeunes habitués des lieux depuis 25 ans, ont décidé de s’opposer vigoureusement à la manœuvre », ont indiqué les opposants.
Cest pour cette raison que, disent-ils avec insistance, nous, populations riveraines de cet espace de vie, avons décidé de prendre nos responsabilités pour que l’endroit reste affecté à sa destination originelle, c’est-à- dire un cadre de vie convivial d’intégration communautaire permettant surtout à nos jeunes de pratiquer des activités saines pour leur épanouissement corporel, mental et moral, et ainsi les mettre à l’abri de toutes sortes de tentations qui pourraient les faire sombrer dans la délinquance.
«Notre action n’a aucun caractère discriminatoire dirigé contre une communauté de quelque nature que ce soit, surtout pas religieuse. Les textes fondateurs de notre pays, notamment sa constitution, proclament que le Mali est une république laïque où toutes les confessions religieuses ont droit de cité. Nous souscrivons pleinement à cette orientation sacrée. Nous considérons les membres de l’Église évangélique comme des amis, comme nos pères, nos mères, nos frères, nos sœurs. Chrétiens, ils se disent « enfants de Dieu », ce Dieu, source inépuisable d’amour entre tous les hommes. Nous avons en notre sein aussi bien des chrétiens que des musulmans qui pratiquent librement leur foi, en bonne entente. Et nous ne tolérerons point de la part d’aucun de nos membres le moindre acte préjudiciable à ceux de la communauté évangélique du fait de leur conviction spirituelle. Notre combat, que nous entendons mener jusqu’à son terme, quoiqu’il nous en coûte, nous l’affirmons avec obstination, n’est pas orienté contre une religion», ont rappelé avec insistance Mme Konaté Mariam Sidibé et ses amis.
Aussi, ont souhaité humblement les protestataires, nous invitons les dignitaires de l’Église évangélique de Faladié et du Mali, en particulier l’honorable révérend Youssouf Dembélé, éminent docteur en théologie chrétienne, qui a coutume de traiter avec éloquence le thème « Pardon, Réconciliation, Paix » dans des conférences, à se mettre à la hauteur de leur vocation de missionnaires de la concorde au lieu de cultiver les germes de la haine. « Révérend Pasteur Youssouf Dembélé, nous vous prions instamment de vous montrer moins réfractaire au dialogue, de réfréner votre instinct de va-t-en-guerre pour aller vers des échanges fructueux avec les populations riveraines de cet espace communautaire. C’est la seule attitude qui pourra engendrer la compréhension et la bonne entente », ont-ils déclaqré dans leur déclaration liminaire. Et d’ajouter encore en ces termes : « Nous vous tendons la main, comme nous l’avons toujours fait, et réaffirmons notre entière disponibilité pour entamer un dialogue constructif afin de trouver une issue heureuse à ce conflit si regrettable entre voisins appelés à vivre dans le respect mutuel et l’harmonie ».
Si d’aventure nous ne sommes pas entendus, ont souligné les protestaires, nous nous verrons dans l’obligation de recourir à la médiation de Monsieur le Ministre des domaines et des affaires foncières, en sollicitant de lui l’application des dispositions de l’article 27 du Code domanial et foncier : « Le domaine public immobilier est inaliénable et insaisissable. Nul ne saurait se prévaloir du régime de la possession sur une parcelle du domaine public. Pour la protection du domaine public, l’Etat dispose de toute action prétoire. Toute attribution de titre dans le domaine public de l’Etat sans déclassement préalable constitue une voie de fait. Tout citoyen ou toute association peut rechercher l’annulation de cette attribution.
Lorsque la domanialité publique est établie, le Ministre chargé des domaines annule l’attribution. Ce pouvoir d’annulation n’est enfermé dans aucun délai.»
Hadama B. FOAFANA
Source: Le Républicain