La pratique de l’esclavage crée de sérieux problèmes à certains Maliens. Des problèmes qui opposent aujourd’hui les chefferies traditionnelles et les porteurs de nom « d’esclaves »particulièrement dans les cercles de Diéma et de Yelimané. C’est une guerre ouverte entre ceux qui se disent propriétaires et les sans rien « les esclaves ».
Les porteurs de noms « d’esclaves » sont persécutés et chassés de leurs terroirs pour avoir refusé cette appellation. Et près d’une centaine de victimes d’esclavage, fuyant les représailles, sont aujourd’hui à Bamako.
Les autorités étaient informées des exactions que ces populations subissaient. Aucune mesure digne de ce nom n’a été prise et par les temps qui courent le problème dépasse l’entendement. Les victimes ont pris leur courage à deux mains pour protester contre la pratique. En République du Mali comme stipulé dans notre Constitution tous les hommes naissent libres et égaux.
Et pourtant dans ces terroirs soninké l’on assiste à un musèlement, à une mise en quarantaine des esclaves, ils ne sont pas propriétaires terriens encore moins d’habitats. Ils ne peuvent pas acheter dans les boutiques, ils ne peuvent pas puiser dans les puits encore moins se soigner dans les structures sanitaires. En plus, des esclaves qui auraient refusé d’obtempérer ont été ligotés comme des « bœufs récalcitrants » par leurs soi-disant propriétaires de la race humaine.
Face donc à ces mesures et ces violences à leur encontre par les populations dites autochtones, les esclavesont quitté pour certains depuis 15 mois pour trouver asile à Diéma. C’est alors qu’une bonne volonté s’est manifestée et a tenté de ramener certains dans leur village situé à quinze kilomètres de Diéma. Ayant eu vent de ce retour en compagnie de cette femme leader d’opinion dans le terroir, le chef a envoyé un émissaire pour dissuader la personne qui s’est engagée à porter les négociations.
Pis, les autochtones intiment aux habitants ayant accepté de les caser de les sortir des maisons dans lesquelles les déplacés vivent sinon c’est un combat contre eux qui sera engagé. Pour éviter une autre situation, ils ont abandonné les maisons et rallié Bamako.
Selon les informations à notre disposition, la délégation des esclaves auraient rencontré le ministre de l’Administration territoriale et celui de la Justice pour leur faire part de la situation dans laquelle ils vivent dans le Kaarta et le Kingui.
Des bonnes volontés constituées de Diawambés, des Diawara et des Kakoros sont en séjour à Diéma avec une forte délégation pour tenter d’éteindrel’incendie afin qu’il n’atteigne d’autres contrées ou encore le phénomène persiste. Cette délégation comprend des personnalités très écoutées dans les terroirs villageois. Dimanche dernier, tous les chefs de village étaient réunis avec la délégation au niveau de Diéma.
Ils sont porteurs d’un message de paix et du meilleur vivre ensemble et devraient tout mettre en œuvre pour que les victimes retournent occuper leurs maisons et leurs champs comme par le passé. Ils sont accompagnés dans cette mission de réconciliation par de grands maitres de la parole qui pourraient par leurs verves et styles convaincre les autochtones pour qu’enfin le vivre ensemble revienne dans ces terroirs vidés de ses hommes.
Ici, la pratique de l’esclavage est purement culturelle et les esclaves s’en glorifiaient. Toutefois ils n’étaient pas soumis à des travaux forcés et travaillaient pour eux-mêmes. Seulement quelquefois lors des cérémonies hommes et femmes partaient travailler chez les autochtones sans contrainte. Un vent nouveau a soufflé dans les terroirs avec l’émigration des enfants des couches dites « esclaves ». Ils ne voudraient plus qu’on leur colle cette étiquette.C’est de bonne guerre surtout quand on sait que cette appellation est interdite. Ailleurs la pratique existe et ceux qui sont dit « esclaves » n’ont aucune pression sur eux. Ils sont seulement porteurs du nom et ils se disent fiers.
Les autorités devraient se saisir de ce problème et trancher définitivement la question.
B.B Notre correspondant Diéma et Nioro du Sahel Notre PRINTEMPS
Source : EchosMédias