A.B, est mère de deux enfants : « Lors de mon premier accouchement, j’ai subi l’épisiotomie. Je n’ai pas été anesthésiée avant d’être cousue, et j’ai ressenti la douleur. Malheureusement mon époux ne comprenait pas mes douleurs. Car après l’intervention c’était difficile de reprendre aisément la vie sexuelle. Pourtant, on nous rappelle tout le temps que tu es une femme mariée. Je ne ressentais pas l’envie d’avoir des rapports sexuels. Car il faut le dire l’épisiotomie a des conséquences sur le corps : fuites urinaires, douleurs chroniques, douleurs à rester assise, rapports sexuels douloureux.»
Face au témoignage de mère A.B, notre gynécologue Traoré explique que l’épisiotomie est une petite chirurgie qu’on réalise au moment de l’accouchement afin de faciliter la sortie du bébé. Ce n’est pas une maladie. Au Mali, dit-il, les chiffres varient et la fréquence de l’épisiotomie est en nette diminution. Pas de chiffres au niveau national mais au CHU Gabriel Touré, le taux est estimé à 5,7 %.
Aussi, il ajoute que l’épisiotomie permet d’éviter que la mère et son bébé aient des traumatismes au moment de l’accouchement. Et cela peut faire mal, mais elle est faite au moment où les douleurs des contractions sont intenses, donc la femme ne ressent pas vraiment de douleur (ou ressent peu de douleur) lors de la réalisation. Dans certains cas, par exemple on sait que la séquelle de l’excision peut rendre difficile la sortie du bébé, donc si on évite l’excision alors cela peut permettre d’éviter certaines épisiotomies. Mais globalement il ne s’agit pas de l’éviter mais de la réaliser quand c’est nécessaire. Et surtout, il n’est pas nécessaire de faire l’épisiotomie à chaque accouchement par voie basse. Dira-t-il.
En outre, on a recours à l’épisiotomie lorsque l’orifice du vagin est petit pour permettre le passage du bébé (bébé trop gros, orifice du vagin petit…) ou dans certains types de présentation du bébé comme les cas où le bébé vient les fesses en premier. Pour la cicatrisation, il expliquera qu’il faut :
« Que la plaie soit propre et sèche, éviter de laver la plaie avec l’eau chaude ou mettre des produits non prescrits par les agents de santé…car, généralement au premier accouchement on la réalise mais pas une obligation ».
Professeurs Traoré précise que la femme peut toujours refuser mais ce n’est pas conseillé car si celui qui fait l’accouchement décide de pratiquer l’épisiotomie c’est que c’est nécessaire. Si la femme refuse, il peut y avoir des complications qui peuvent être graves pour elle. Et concernant les conséquences sur la vie sexuelle, il peut s’agir de douleur au moment des rapports sexuels bien que cette complication soit moins fréquente de nos jours. Souligne Traoré
Et ça n’aura aucun impact sur une grossesse future. Normalement on réalise toujours une anesthésie au moment de la suture de l’épisiotomie mais pas au moment où on la fait.
Enfin Pr. Traoré précise que l’épisiotomie n’est pas obligatoire. Il est fait lorsqu’il y’a un risque de déchirure du périnée, déchirure qui pourrait toucher l’orifice urinaire ou l’orifice anal et être alors responsable de fuites urinaires ou fécales ! Et d’ajouter, qu’il existe de très bons médicaments pour lutter contre les douleurs après épisiotomie. Des suppositoires, des pommades, des savons intimes et des antibiotiques.
Fatoumata Koita
Souce: Bamakonews