L’opposition projette de marcher ce samedi 1er septembre pour protester, entre autres, contre les «arrestations extrajudiciaires» de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri. Vice-président du Mouvement Mali Kanu, Paul Ismaël Boro est un ancien leader de la jeunesse du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir. En désaccord avec le candidat Modibo Koné dont il était le directeur de campagne, il a rejoint le camp du candidat de la Coalition «Restaurons l’Espoir » et a marqué sa présence aux manifestations pacifiques de l’opposition contre « la fraude électorale et le bourrage des urnes ». Moussa Kimbiri est présenté comme un jeune leader de la Coalition pour l’alternance et le changement.
Le Ministre de la Sécurité de la protection civile, Général de division Salif Traoré a reconnu dans un communiqué que les deux individus ont été interpellés par les services de renseignement et remis au service d’investigation judiciaire du Camp I de la gendarmerie.
Les enlèvements de personnes en dehors de tout cadre légal sont des pratiques inadmissibles et intolérables dans une démocratie. Ceux ou celles qui s’adonnent à cœur joie à de telles pratiques dignes d’une autre époque grossissent inutilement les rangs des opposants au président IBK et lui rendent un bien mauvais service. Sa main tendue à son « jeune frère Soumaïla Cissé » n’a pas l’heur de convaincre ce dernier et ses partisans. Pis, les pratiques d’intimidation et de harcèlement en cours sont de nature à jeter un sérieux doute sur la sincérité de cette main tendue. Il devrait aller au-delà des simples discours en prenant des initiatives fortes. Et cela dès maintenant. Quand on se dit patriote, démocrate, républicain, on privilégie la force de l’argument et non l’argument de la violence.
À la différence de 2013, le Président déclaré vainqueur par la Cour Constitutionnelle sort affaibli de ce scrutin en dépit de ses 67,16%. Pour mener des réformes comme la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, le Président IBK a besoin de stabilité politique et sociale.
Le climat social est l’un des plus tendus avec des grèves à répétition. Depuis plus d’un mois, la distribution du service public de la justice est perturbée par une grève des magistrats. Les syndicats de la Magistrature, à savoir le SAM (syndicat autonome de la magistrature) et le SYLIMA (Syndicat libre de la magistrature) ont entamé le 28 août dernier une grève illimitée. Il faut conjurer les frustrations sociales et politiques dans un contexte marqué par un taux d’abstention extrêmement élevé lors des 1er et second tours de l’élection du Président de la République.
Ni IBK, ni Soumaïla n’ont intérêt à ce stade à écouter les va-t-en guerre de leur camp au risque que ça se gatte une fois pour toutes avec des conséquences dramatiques pour la stabilité déjà fragile des institutions de la République. Donc sachons raison garder !
Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger